• Voyance cubiste

     

     

    Voyance cubistees figures du voyant espagnol rameutaient l'homme

     

    Ses présages nous alarmaient

     

    Ses corps cubiques étalaient l'avenir démembré

     

    Plus loin ses ombres présageaient la machine à gripper et trancher

     

    L'assurance du désastre côtoyait si bien l'arrogance d'un dernier bal

     

     

     

    L’entrechat des couleurs séduisit d'abord les demoiselles

     

    Elles dansaient au bord du précipice, devant nous autres ignorants

     

    A supputer, à s'étonner au pied des horizons neufs du prescient

     

    Adorer ou maudire, nous en étions là, en plein calme blanc

     

     

     

    Pauvres fous, pauvres demoiselles, pauvre monde qui si peu discernait

     

    Dans les sombres larges des toiles flottait l'annonciation

     

    Il savait peut-être, Picasso, que le pire était de faire unanimité

     

    L'effroi venu de sa main n'ignorait rien du mirage

     

     

     

    Dans les tons troublés des coulisses marinait l'angoisse

     

    Il savait, je crois, les créateurs savent la fragilité d'une ébauche

     

    Vous ne voyez pas combien instable est la fulgurance initiale

     

    Vous ne savez plus combien de lunettes occultent votre vision

     

     

     

    L'homme Picasso riait beaucoup à exposer ses blocs d'humanité

     

    On le saluait, on l'adulait, on se l'arrachait

     

    J'espère pour lui qu'il ne faisait qu'étaler des rêves qui le dépassaient

     

    Poussé à livrer l'Alpha et l’Oméga dans un irrépressible pressentiment

     

     

     

    Aujourd'hui, nous sommes devant la porte du camp

     

    Le festival est monochrome, rouge pour être précis

     

    On débite de l'homme a la criée

     

    A la criée, on m'adjoint d'avancer

     

    Mon tour dans l'enchère

     

    Devant nos maîtres sur les gradins occultés par la nuit.

     

     

     


  • Commentaires

    1
    lilo
    Vendredi 3 Mars 2017 à 19:29

    Très beau texte. Glaçant. Désenchanté, toujours actuel. Une partie de son oeuvre préfigurait déjà l’immonde guerre d’Espagne. L’humain cultive l’amnésie quand il s’agit de mieux récolter.

     

      • Vendredi 3 Mars 2017 à 20:23

        Si les peintres, les créateurs en général étaient un peu plus entendus... Mais la vie, l'homme est ainsi fait, je crois. A peine apprend-il à vivre qu'il est déjà trop tard.

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