• Un baril de Gattaz contre dix de Robespierre

    Ainsi, Hollande a succombé à la croyance aux vertus cardinales du Marché pour faire toute confiance à l'homme du grand patronat. La Main Invisible, l'allocation optimale seraient donc encore, sous versions actualisées, des concepts pertinents pour décrire l'économie française, mondiale, et autoriseraient toutes les confiances...

    Un baril de Gattaz contre dix de Robespierre

     

    Un baril de Gattaz contre dix de Robespierrene des machines à décerveler travaillant dans le PAF a bien dû vous le répéter une dizaine de fois. Le Marché est le seul à même de procéder à l'allocation optimale des ressources, L’État n’a donc pas à intervenir sur le marché puisque celui-ci se régule naturellement. Article du dogme, s'empressent-elles de préciser, délivré par le prophète lui-même. Le prophète qui a convaincu l'immense majorité de nos décideurs et stimule la totalité du patronat depuis des décennies.

     

    Adam Smith n'était pas mauvais homme. Son monde s'arrêtait aux contours de son petit univers. Un bourgeois tenant à ce que l'économie, et les hommes qui la font, fonctionnent comme un beau cheval de trait labourant les chemins réglés et aisés de l'existence Smithienne. Sans heurts, sans défaillance et sans passion.

     

    Le Marché serait donc un mécanisme quasiment magique qui générerait de l'équilibre partout où il s'établit. Les hommes vivraient heureux disposant à parts égales des ressources nécessaires pour vivre dans la quiétude et la concorde. Il suffit juste de le laisser se développer. C'est le virus d'un même bonheur pour tous. Amen.

     

     

     

    La réalité est juste un peu dure d'oreille. Pire, elle considère qu'Adam Smith a tenu des raisonnements dont l'envergure ne dépassait pas son porche. Si l'on veut être magnanime, on peut lui accorder qu'il avait raison un tout petit peu dans son pré-carré et à son époque.

     

    Pourtant on ne cesse d'entendre les mêmes annoner le prêche dans toute son innocence première. N'est-ce pas la croyance en la Main Invisible qui guide notre bon Hollande, en Septembre de l'an de grâce 2014, quand il s'abandonne à Gattaz le héraut du grand patronat, avec pour toute garantie l'innocence du converti ?...

     

    Les mêmes, qui ont déployé des moyens matériels et intellectuels incalculables pour vouer Marx au passé, sans parvenir à démolir le cœur de ses démonstrations : le capital s'engraisse toujours et indûment du travail et de l'exploitation fondamentale de l'homme par l'homme.

     

     

     

    Un minimum de raisonnement permet pourtant de glisser subrepticement Adam Smith dans la première poubelle Decaux venue.

     

    L'allocation des ressources, aujourd'hui se déploie de toutes les manières sans qu'on puisse dévier d'un principe premier : les pays pauvres (émergents et non-émergents) cèdent avec une parfaite générosité les leurs aux pays riches, dont une poignée concentre 70% des richesses de la planète. On devrait plutôt dire que les multinationales, toute petite fraction des acteurs économique, accapare les ressources fondamentales de pays entiers et les redistribuent strictement à leur guise. La loi du profit qui n'a rien à faire de l'égalité matérielle des humains en ressources. Pire, ces ressources sont aspirées par un vortex qui n'a pas d'existence au sens d'humanité concrète, espérante et souffrante : la Bourse. Il n'est pas rare que des ressources rares, ou vitales même, pour certains pays soit d'un coup de dé, empochées par un seul boursicoteur. Ainsi, des millions d'habitants sont privés de biens matériels, et cette absence peut les conduire à la famine, et fléaux corrélatifs.

     

     

     

    Le même Adam Smith et ses continuateurs, comme les prêtres de l'UE, voient dans le Marché la Providence qui établit les droits démocratiques. L'échange marchand serait meilleur que la délibération citoyenne, le vote et les institutions pour établir le pouvoir du peuple. Un consubstantiel appétit pour la citoyenneté agirait dans les transactions et les acteurs de la foire marchande mondiale. Un baril de Gattaz contre dix de Robespierre.

     

    Sauf que l'échange marchand reste marchand. Du fric contre une babiole, de l'uranium, des couche-culottes. Un euro la tonne de bois arraché à une forêt primaire fera un millier d'euros le vaisselier qui meublera si élégamment la villa du notable de Hambourg, Lyon ou Helsinki. Il y a là autant d'égalité qu'entre Cortez et ses mousquets et un Inca et ses tatouages sacrés. Il y a là autant de fraternité qu'entre le scorpion et la grenouille de la fable. Il y a autant de liberté qu'en possède un noir illetré dans un couloir de la mort à Austin Texas.

     

    Le Marché entre deux commerçants ne génère aucune démocratie, mais un profit limité ou maximal. La progression du gain est fonction de l'inégalité des termes de l'échange, des acteurs. Le profit s'appuie génériquement sur l'absence de démocratie. Il n'y a absolument de démocrate à vendre très cher quelque chose de rare, mais un rapport de forces d'une asymétrie flagrante. Le profit n'a cessé de poursuivre cet idéal originel d'inégalité totale pour un profit maximal. Ce n'est pas Nike qui me contredira en vendant du rien avec une virgule blanche contre un maximum de dollars.

     

    Alors Messieurs Juncker, Gates, Obama, Hollande et alii, il faut remiser dans les cartons les vieilleries, surtout quand elles n'ont jamais eu d'autre valeur que d'économiser l'envoi de drones pour affirmer l’éclatante corrélation entre égalité démocratique et marchande, entre liberté de commercer et liberté d'être souverain en son pays.

     


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