• Roberto Bolaño – 2666 – notes de relecture en cours

    2666 est un roman qui rejoint la vie réelle par les plus lointains détours et sans cesser de traverser les spéculations les plus profondes. Quelques notes de relecture d'un amoureux de la prose de Roberto Bolaño .
    MAJ  -31/08/2016

    Roberto Bolaño – 2666 – notes de relecture en cours

     

    Roberto Bolaño – 2666 – notes de relecture en course relis l'énorme roman 2666 de Roberto Bolaño, écrivain sud-américain décédé en 2003, cinq ans avant la sortie ne France de ce roman.  Je le relis avec la concentration que demande sa prose dense, objet de ce billet *. Dense, sans être pesante. Non, elle est légère, car d'un bout de phrase à l'autre Bolano peut passer du rire au larmes, du quotidien à une remarque mystique. Bolano, c'est un voyage dans la langue et les méandres de l'esprit humain. Lequel n'emprunte pas, sauf obligation, les chemins linéaires mais préfère musarder dans les allées d'une compréhension du monde symbolique et associative.

     

    Bolaño alterne en permanence les descriptions, les réflexions et les rêves. Ce qui fait un discours varié qui peut être très logique, cohérent, ou ambiguë, un peu fou et humoristique, voire obsessionnel dans la partie qui concerne les femmes assassinées, tout cela dans un paragraphe, voire une seule phrase. Étrange, aussi, parce qu'il ramène, par exemple, la même histoire, mais racontée différemment, ou sa suite par une autre personne, - celle du peintre manchot – avec un effet de suspense car le lecteur sait qui et quoi a été raconté à propos de ce peintre avant.

     

    Il est capable de faire des débordements dans la narration factuelle, qui passe au poétique, sans raison apparente. Nous sommes sans arrêt dans le passé et le présent du récit. D'autant que nous avançons avec tout le poids de l'esprit et des humeurs de chaque personnage qui ne se laisse pas oublier, construit qu'il est à chaux et à sable.

     

    Bolaño est un artiste de la digression, ou plutôt du complément. Du compliment, devrais-je dire tant ses digressions enrichissent le canevas initial. On peut voir là des rajouts personnels comme des touches de couleur sur un plan monocolore de base. Ça ressemble au jeu de la boule de neige. Il s'agit d'écrire une phrase banale. Martine est allé au cinéma avec Léonard pour voir Dans la rue. On ajoute du crépis au mur, de la peinture sur les blocs de ciment brut. Martine s'en serait bien passé, mais elle avait promis. Elle est allé au cinéma avec Léonard pour voir Dans la rue. Ainsi de suite. Martine s'en serait bien passé, mais elle avait promis. Elle est allé au cinéma avec Léonard pour voir Dans la rue. Léonard qui se demandait franchement si l'odeur de cette fille allait être supportable jusqu'à la fin du film. Lequel, lui rappela une vieille tante. Le destin, c'est parfois juste une grande répétition. Ainsi de suite. On est à la frontière entre le personnel et le fictif. L'auteur conte et témoigne. De là est née l'auto-fiction, à moins que l'auto-fiction n'est engendrée le conte. On s'en fiche, de toute façon.

     

    Bolaño, c'est aussi un doué des dialogues. Pas de cette prose littéraire qu'emploient beaucoup d'auteurs pour ne pas faire « parlé », tombant ainsi dans le figé, le discours artificiel qui ne renvoie qu'avec peine au réel. Les échanges des personnages de Bolaño sonnent vrai, pour la raison majeure qu'ils sont concis. Il semble avoir lu pas mal de polars, dont les auteurs sont maîtres dans l'art du dialogue percutant.

     

    Bonne lecture.

     

     

     

    * Un résumé de l'irrésumable.

     

    MAJ

    Viens de relire Les détectives sauvages (extrait), du même. Une traversée de l'Amérique Latine sur un roman choral, comme on dit dans la critique autorisée à s'autoriser, à plusieurs personnages récurrents. Le style est comme ange s'ébattant dans un poulailler, se drapant dans le quotidien pour souffler des notes bleues fantastiques et marcher dans les pas de Borgès ou Kérouac, sans céder sur le terrain de la poésie.
    Une obstination à aller au bout, pour tous, d'une traversée sans fin. Celle de l'écriture qui se cherche et se trouve à avancer sans jamais refuser les chemins d'écoliers que lui offre le récit. Éruditions déridées, admirations touchantes, explosions d'ironies, dans les échos délicats de Becket ou de Joyce. Un putain de Don Quichotte, ce Belaño trop tôt parti. En voiture !

     

     

     


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