• Réchauffement démocratique à l'horizon ?

    La démocratie est efficacement combattue par ceux qui prétendent chaque jour la promouvoir. A terme, le combat de la gauche - cet ensemble laborieux nourri au collectif et aux valeurs républicaines -,  ce combat est perdu. A moins que de l'extérieur ne vienne une chance.

    Revue des fondamentaux de la démocratie, des forces qui l'assaillent et de cet espoir dangereux qui pointe déjà.

     

     

     

    Réchauffement démocratique à l'horizon ?

    Réchauffement démocratique à l'horizon ?'idée performative première de la politique nécessaire c'est de faire une société où nous vivons ensemble en respectant les différents êtres humains qui composent le tout, et en leur donnant des droits qui les instituent membres, sans distinction de race, de sexe et de poids financier ou communautaire.

     

     

    L'intuition populaire voulant qu'on ne parle bien, qu'on ne bâtit à ressemblance que ce dont on partage l'existence a été largement confirmée par les analyses de la sociologie. Un homme ne contribuera efficacement à édifier cette société politique selon les valeurs, les projets et les réalisations du peuple, que s'il en est issu.

     

     

    L'échec est évident, le divorce entre les hommes de pouvoir et ceux qu'ils doivent re-présenter à une échelle plus large et mieux opérante est incontestable. D'où le lent travail de sape de cette évidence par des sondeurs tenus par la finance et assistés par le pouvoir lui-même, des journalistes – financièrement tenus à flots, pour la plupart, par ce pouvoir dont ils sont censés être les contempteurs -, des experts dont la carrière repose sur des études commandées et financées par le(s) pouvoir(s), dont la légitimité s’assoira dans des cercles proches du pouvoir venu, revenu, ou qui reviendra. La représentation ne représente plus personne, ou presque, que ce soit à l'échelon national ou local. A charge pour les clercs, au sens large, de maintenir cette vérité cachée. Sa réalité s'affirme pourtant de plus en plus.

     

     

    Il suffit de regarder la composition de l'Assemblée nationale ou du Sénat – le même travail serait à mener pour les conseils régionaux, départementaux et municipaux ; je ne crois pas faire un paris risqué en affirmant qu'on y trouve une dissemblance du même ordre entre élus et électeurs - pour s'apercevoir que les personnages qui s'y agitent ne représentent pas la diversité de la très grande partie du peuple français, ni en âge, ni en revenus, ni en CSP, ni en patrimoine, ni en diplômes, ni espérance de vie, ni en mode de vie, ni en relations, ni en loisirs...

     

    C'est une abyssale rupture qui s'est opérée graduellement entre le peuple – classes moyennes et populaires – ou 90 à 95% des français et cette endogame* ethnie à écharpe. Ils sont littéralement étrangers, et bien plus que beaucoup de Roms ou autres réfugiés.

     

     

    La deuxième idée de la politique légitime, c'est celle de la laisse coupée. Au fil du temps, l'expérience de l'oppression nous a appris qu'il fallait abandonner la royauté ou la dictature. Lesquelles finissaient par faire de la société le jouet du roi ou du dictateur.

     

     

    Les régimes aujourd'hui en place dans la plupart des pays européens et l'UE elle-même reprennent goût à la laisse. Pour installer cette soft dictature, il s'agit de prévenir les résistances, donc de cibler les résistants potentiels. Ils mettent donc nos vies singulières dans leurs équations et statistiques. Tout connaître pour tout contrôler. Ainsi, croient-ils, le changement programmé évitera toute surprise, éliminera toute possibilité de surprise. Ils peuvent dans le même temps mettre en branle leur dictature qui n'apparaît pour ce qu'elle est que grâce aux clercs et à la croyance populaire qui veut que nos représentants soient intègres, naturellement démocrates.

     

     

    Profitant à plein, les pseudo démocrates aspirent le pouvoir contenu dans le bulletin de vote de trois manières différentes.
    Un, en ignorant le citoyen qui demande des comptes à la fin d'un mandat et en se maintenant par clientélisme, mensonges général et répété sur les bilans, lassitude de l'électorat.
    Deux, en usant de la tactique du bouc émissaire. En accusant le précédent responsable, l'opposition, les conditions générales de les faire échouer. Ils inventent l'irresponsabilité active qui les fait durer, avec le mensonge nommé communication, omniprésent, qui transforme leur démission et, partant, leur illégitimité, en victoire de la raison et de la sagesse politique.
    Trois, la gnose politique contemporaine, comme formation à la gestion fluide et convaincante d'une absence de perspectives, de direction, de socle de valeurs et programmes singuliers est une nouvelle politique qui se cantonne aux mots. Elle se nourrit de la langue serve qui affirme comme le pouvoir qu'il fait nuit à cette heure, alors que nous sommes en plein jour  ; dans l'abstraction grandissante des discours, orphelins de réalisations concrètes, d'objectifs réels, de plans déterminés ; dans les incantations sacrificielles que le politicien se plaît à lâcher au cœur des médias, où s'utilise le plus une langue qui ne fonctionne que par cliché – « un président déterminé, une Russie belliqueuse, des grévistes irresponsables, une politique tournée vers l'avenir... ».

     

     

    La troisième idée de la politique réelle sera la politique conçue comme une opération, une sublimation du collectif. On pourra l'appeler de nouveau communisme, ou pas. Il y aura en tous cas l'idée impérative qu'il faut se doter de concepts et d'outils collectifs. L'effort de pensée doit être collectif et collectivement réalisé. La présence humaine en groupes favorise l'éclosion de procédures qui s'attaquent au pouvoir du pouvoir - du groupe comme à celui de l'individu – parce qu'elle y est impérativement confronté. Elle trouvera les instruments contre la force adverse, mais aussi la sienne et celle des autres.

     

     

    Le collectif est aujourd'hui devenu une fiction qui n'a aucune réalité, nulle part. L'entreprise, la politique et les médias servent les individualités totalement et tous le temps.
    L'entreprise est incarnée dans la vison dominante par son chef, la politique par un sourire, une langue loghorréique, un costume de qualité, quel que soit le porteur, les médias exaltent la réussite individuelle au sens le plus total, voire hystérique au point que le football, pourtant génétiquement collectif est vu, étudié, célébré par les médias comme une collection permanente d'individualités – joueurs, entraîneurs, dirigeants de clubs, clubs eux-même. La société cultive la différence absolue, sans limite, sans possibilité de la résorber, de l'absorber dans le collectif, puisque l'autre credo est la compétition permanente.

     

     

    Toutes les conditions sont réunies pour que la guerre asymétrique menée par ce qu'on peut appeler la gauche – cet ensemble de personnes seules ou en groupe qui sont du côté du collectif politique irrigué par les valeurs républicaines – soit toujours plus désespérée, dans les conditions actuelles où pouvoir, argent et audience sont systématiquement alloués aux adversaires.

     

    Le changement peut venir de l'extérieur. Non pas d'autres nations, on retrouve cette situation de déprise des collectifs sur la société à peu près dans tous les pays développés. Il viendra sans doute de l'urgence que va imposer le changement climatique, dont le GIEC et le CNRS reconnaissent qu'il va être catastrophique.

     

    La nécessité d'action concertées devant les vagues de mortalité dues à la chaleur mortelle pour les organismes d'enfants et de vieillards, les déplacements subis de population dus à la fonte de l'Arctique qui va faire disparaître nombre de bandes côtières et la famine grandissante dues aux cultures grillées par la chaleur croissante, va montrer rapidement l'incapacité du système économique à fonctionner autrement qu'en écartant la majorité des populations pour le profit, la sur-vie de quelques-uns. Alors, la gauche, la gauche générique, celle qui est du côté du collectif et de l'autre coté aura sa chance. Espérons pour elle la victoire, et pas une pas une victoire à la Pyrrhus.

     

     

     

    * L'endogamie est une pratique qui consiste à choisir prioritairement et majoritairement son futur époux/sa future épouse à l'intérieur de la classe sociale à laquelle on appartient (endogamie sociale).

     

     

     


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