• Petite balle jaune dans sa cage ocre

     

    Le tennis à la télé ou le thermomètre d'une dérive générale de la télévision France, depuis qu'elle se nomme France-Télévisions et se bombarde groupe plutôt que service public.

     

     

     

    Petite balle jaune dans sa cage ocre

    Petite balle jaune dans sa cage ocre'aime le tennis que j'ai pratiqué quelques années en amateur, sans être classé, mais avec un plaisir immense avant que mon dos ne siffle la fin de la récré. Malgré la galerie de m'as-tu-vu et cet ancien rugbyman bombardé président, qui s'excite un peu trop à mon goût contre sa messe pipole, j'apprécie de suivre les plus talentueux joueurs du monde à Roland-Garros, par l'intermédiaire télévisuel.

    Cette année comme les précédentes, mon enthousiasme prend un coup de froid avec la vacuité du commentaire sportif délivré par les "journalistes" France-Télévisions. Leurs propos n'apportent strictement aucun supplément à la compréhension des échanges, mais ils n'hésitent nullement à lâcher la dernière ânerie passant dans leurs cervelles pleines de fadaises. A propos d'un joueur argentin affrontant R. Gasquet, untel balance "fais-le taire, Richard". Il faut dire que le joueur argentin fait du bruit en frappant la balle. On le sait, cette particularité plutôt sonore vient d'une expulsion d'air frappant les cordes vocales, laquelle expulsion n'est pas maîtrisée ni volontaire. Durant les pauses nous héritons plus qu'à notre tour de pub qui nous rappellent désagréablement que si le tennis est un sport, c'est avant tout une sacrée affaire pour les marques, les médias et les joueurs les mieux classés. Cerise sur la petite balle jaune, les interviews pipoles du multilingue de l'équipe sont structurés autour de questions dont l'intelligence est bien cachée et l'intérêt totalement microscopique.

    Ce serait presque rigolo si ces animateurs – je ne parle pas des anciens joueurs invités, dont certains livrent des analyses du jeu tout à fait intéressantes et pertinentes - hauts en couleurs ternes ne polluaient pas l'intérêt, la dramaturgie, l'intensité des matches, s'ils ne nous coûtaient pas des sommes extravagante en salaire et s'ils ne nuisaient pas, par leur activité parfaitement superflue et niaise, à la possible arrivée d'un véritable commentaire sportif ou de souhaitables innovations que ces férus de plateaux people peuvent décourager, voire empêcher, certains étant chef de programmes sportifs ou autres.

     

    Question corrélative, comment ces porteurs de micros inodores, incolores et sans compétences sont-ils arrivés à occuper l'antenne chaque année qui passe pendant des semaines, c'est encore une des nombreuses questions qu'on se pose à propos de cette télévision française qui n' a de cesse de vanter sur son site qu'elle représente un groupe, sans une seule fois signaler, déclarer et encore moins se vanter de faire du service public. Ce qui devrait être un idéal et une passion pour ceux qui dirigent cet organisme d'éducation, d'innovation et de distraction populaire, au sens le plus noble du terme.

    Non, tout est fait pour singer et glorifier les appétits privés, la concurrence acharnée, la com hypertrophiée et vide, l'adoration, la recherche effrénée de l'argent – ainsi les animateurs de RG proposent chaque jour ou presque une voiture à gagner ce qui, sans doute, renforcera l'amour désintéressé des tennismen petits et grands qui s'adonnent à leur passion sur de pauvres courts en béton, en plein air avec une raquette Décathlon.

    Cette dérive mercantile est prolongée avec une grande application dans les programmes qui conjuguent allègrement l'omniprésence des marques, la glorification des maîtres économiques ou politiques et l'absence totale d'un récit général, d'un fil rouge qui pourrait laisser penser que cette télévision n'est pas la trash-TV des Lagardère, Bouygues et autres investisseurs en tabloid-TV.

    Dérive aussi dans les trajectoires des personnels les plus centraux. L'argent public, notre argent, servir à payer des individus rompus à toutes les courbettes. Avec leur besace remplie de phrases aussi vides que préfabriquées, ils n'ont de cesse de faire carrière et d’adopter objectifs et méthodes des groupes medias chéris par le Médef et le politique lambda d'aujourd'hui. Pour ce faire, ils n'hésitent pas une seconde à traiter leurs salariés comme feuille au vent, se servir en bonimentant à qui mieux-mieux pour tirer la télévision française vers le bas, vers le minable souvent.

     

    A lire un hebdo plutôt bien renseigné, le Canard, on constate combien le copinage est éhonté. On s'octroie des émissions, des services de com à qui mieux-mieux en piétinant tranquillement les valeurs d'intégrité, de respect de la qualité et de modération des appétits dès qu'on a atteint un poste où on est libre d'octroyer de l'antenne ou des moyens financiers, voire les deux. On ne s'étonnera donc pas de voir des leaders extrêmement payés. Je ne prendrais pour exemple que Pujadas, qui a avoué gagner plus de 30000€/mois, tout cela pour produire un traitement de l'info au pieds des puissants, convenu et conservateur qui conforte le dogmatisme et la vanité de ceux qui sont aux manettes du pays.

     

    A ce propos, une évidence qui semble-t-il, n'effleure pas l'esprit de la direction de France-Télévisions. Le ron-ron.

    A quand du renouvellement dans les équipes journalistiques au traitement de l'info – journal et émissions -, à quand des journalistes d'investigation, des journalistes qui n'ont pas peur d'oser la moindre question, à quand des téléspectateurs en plateau, d'égal à égal, citoyennement, avec tous les occupants ordinaires, pour parler de ce qui les intéresse et non pas subir les délires, les monomanies d'experts propagandistes, avec fil à la patte, ou d'animateurs serviles ?

    A quand la publication, pour nécessaire et sociétale transparence, de la grille des salaires, particulièrement de la direction. Quand déjà un animateur/journaliste télévisuel gagne plus de 30000€/mois, c'est tout juste un scandale, une gifle à la face des français dont 99% n’atteindront jamais 7654€/mois et la moitié gagne moins de 1730€/mois.

     

    La télévision, comme la politique, n'échappe pas au rejet, à la colère du peuple français, toutes les enquêtes le montrent. Son audience baisse chaque année. Cet état des lieux à l'esprit, on attend une vaste rénovation des programmes pour sortir du médiocre, de l'option « monde de flic », puisque nous sommes inondés de feuilletons à base policière, de préférence rachetés à bas prix outre-atlantique, alors qu'il ne manque sans doute pas de scénaristes, réalisateurs et acteurs de talent en France, qui ne trouvent pas de travail malgré l'arrivée imminente du pacte de responsabilité.

    Depuis trop longtemps l'incompétence, la corruption et le gaspillage semblent être devenus les valeurs d'une institution qui, pourtant, se doit d'être à la hauteur de ce que les français attendent d'elle, du rôle sociétal majeur qu'elle assure aux côtés, maintenant, des instruments citoyens qui émergent grâce aux nouvelles technologies. Lequel rôle social, citoyen, n'est pas de former des « temps de cerveaux » marchands ou vacants, mais des hommes libres et responsables de leur devenir, en d'autres termes de mettre en œuvre sa mission fondamentale : servir les français et non pas l'inverse.

     

     

     


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