• ODOXA invente le renouvellement politique dans la continuité

    Retour sur un sondage publié dans le Parisien et mené par Odoxa. Approche de l'axiome cardinal de la propagande, "ton opinion, c'est mon opinion sortie de ta bouche".

    ODOXA invente le renouvellement politique dans la continuité

     

    ODOXA invente le renouvellement politique dans la continuité'entreprise de sondage Odoxa a monté pour le Parisien un sondage surfant sur les convulsions actuelles des français. Aujourd'hui, en tête de gondole, le « renouvellement politique ».

     

     

     

    Le sondage en question est bidonné de plusieurs manières.

     

    • Le choix proposé aux sondés n'en est pas un. Chaque candidat est choisi par Odoxa uniquement. C'est cet institut monté par des chevaux de retour venus d'autres officines, qui impose et les hommes et le paysage politique consécutif. On aurait pu penser que les potentiels électeurs, en ces temps de crise profonde et générale de la représentation, pourraient être sollicités pour dire qui, à leur avis, peut se présenter. Comme des citoyens responsables.

    • Un seul(e) candidat(e) de Gauche, ou à peu près. Pas de personnalité candidate pour la gauche de Gauche (LO, NPA et autres PT), sensibilité qui recueille toujours le choix d'une partie de la population aux élections. D'autant que le pluralisme cher au rose Schrameck du CSA veut l'expression, donc la présence de toutes les sensibilités. D'un revers de main, Odoxa décide qu'il n'y aura pas de gauche de Gauche aux présidentielles.

    • Une seule femme. On croit rêver de ce panel de « renouvellement », droite et extrême droite en tête, une seule femme, tout droit sorti du jurassique pré-gaullien. Odoxa, ses mercenaires, ne pourrait mieux révéler leur appartenance à l'élite profondément machiste et ultra-conservatrice qui écrase le pays.

    • Les problèmes du pays sont choisis par Odoxa. Les sondés n'ont pas le droit de formuler des réponses hors des candidats sérieux pour Odoxa. Sans doute, sont-ils trop stupides pour le faire, aux yeux des dirigeants de cette entreprise. A moins qu'ils ne distinguent des problèmes réels qu'Odoxa ne souhaite voir apparaître, pour notre bien naturellement. A moins qu'ils n'aient pas du tout les mêmes préoccupations, ni la même hiérarchie dans l'urgence que la haute bourgeoisie qui dirige l'entreprise d'opinion « publique ». (lien avec les salaires/revenus des patrons d'Odoxa).

    • Les « solutions » sont de droite, proposées par Odoxa, sans effet possible sur le marigot politique. Pas une seule ne s'attaque au statut de l'élu, à la carte des circonscriptions, à la dose d'impératif nécessaire dans les programmes électoraux, aux masses énormes, voire occultes, d'argent qui achètent les élections et les candidats. Une seule mesure un peu progressiste : « imposer aux partis politiques de proposer sur leurs listes un minimum d’ouvriers ou de personnes issues de milieux populaire ». Penser aux peuple, ok, mais pour faire de la figuration, non.

    • Les catégories « définies » par Odoxa sont a-scientfiques. « Sympathisant de gauche », ça ne veut rien dire quand n'importe qui peut dire qu'il adhère à tel ou tel courant d'idée. « Sympathisant de droite », idem. L'un peut voter Sarkozy et l'autre choisir Bayrou qui est centre-droit, ils sont tous deux sympathisants de droite. Comme l'un peut choisir Hollande qui mène une politique et défend des idées aujourd'hui de droite et se prétendre, de bonne foi, de gauche.
      Faute de définition actuelle de ce que c'est qu'être à Gauche ou à Droite, ces catégories fourre-tout ne représentent aucunement la diversité des choix politiques des français et confectionnent une opinion publique simpliste dont les « choix » restent dans les limites du rôle que le Pouvoir veut imposer au citoyen, celui de la multitude de Hobbes.
      Ainsi, il n'y a pas de renouvellement puisque on pose des questions qui ne conduisent qu'à mettre en scène une fausse gauche, une fausse droite et occulter la suppression de la pensée et des exigences des citoyens de la Gauche de gauche. Sans compter la différenciation qui peut être jugée artificielle entre le FN et « sympathisants de droite », puisque les adhérents et proches du FN refusent de se considérer d'extrême-droite.


    Quelles questions croisées de vérification mènent les petites mains d'Odoxa pour savoir, au moins, si les sondés ne mentent pas sur leur affiliation, s'ils ne cherchent pas à « bourrer les urnes » ? C'est secret...Aussi bien Odoxa prend toutes les réponses sans rien vérifier. Il y aurait un organisme pour faire la lumière là-dessus, la Commission des Sondages. Ses critères sont tellement larges et ses interdictions d'opérer tellement permissives que les sondeurs sont quasi-assurés, par cette institution qui nous coûte un fric fou, de l'impunité. Et ses convocations de sondeurs, ses investigations (rares) ne sont pas rendues publiques, sauf les décisions finales. Choc de transparence ?...

    Cette espèce d'enquête branlante du sol au plafond s'avère analogue à celles que mènent trop d'instituts, pas assez souvent traduits en Justice.

     

    Son objectivité est d'autant plus critiquable, qu'elle est convoquée par un « journal » qui survit en grande partie grâce à l'argent public que l’État néo-libéral rose lui accorde, toujours, en abondance. Ce qui incite peu à proposer des sondages objectifs où les adversaires principaux du pouvoir et de l'establishment auraient une place réelle, ou les français énuméreraient les réels problèmes qu'ils subissent.

     

    Résultat de ce bricolage propagandiste. Les candidats de Gauche y sont très rares et écrasés par les chiffres Odoxa, à un niveau qui prète à s'esclaffer devant une mauvaise farce.

    Ainsi, Jean-Luc Mélenchon seraient rejetés par 76% des électeurs potentiels et Cécile Duflot – dont on sait l'animosité que lui porte le camp rose – à 85% les « sympathisants » de gauche et de droite unis la renvoient chez elle. Les deux pestiférés sont évidemment rejetés derrière tous les autres candidats proposés.

     

    D'autres résultats digne de feu les Guignols.

     

    • Concernant les moteurs, la nature et les moyens du « renouvellement politique », la plus profonde réflexion qu'ont pu attribuer les odoxiens aux français, révèle l'esprit de synthèse aigu, la profonde attention à la réalité du terrain et le respect indéniable des véritables réflexions du peuple qui animent les dirigeants d'Odoxa...Ou ceux du café du Commerce, deux rues plus loin que le siège de l'officine.

      Les français, ont choisi, après mures cogitations accompagnées par les docteurs odoxiens, de définir le « renouvellement politique » ainsi : « On en parle toujours mais ça n'arrive jamais ».

     

    • Valls, régulièrement dans le bas de caisse des sondages d'opinion mensuels, se retrouve soudain réclamé par 60% des français, pour être candidat.

     

    • Odoxa a proposé comme un des symboles du « renouvellement politique » une première Dame à l'Elysée. La Monarchie anglaise n'a qu'à bien se tenir.

     

    • Dans les «vecteurs» Odoxa du renouvellement politique, on trouve également « Qu’il y ait davantage de démocratie participative ». Il s'agit naturellement du hasard le plus complet si cette action a été lancée par le PS il y a quelques années de ça, et qu'elle n'a jamais rien donné, parce qu'elle est verrouillée par les apparatchiks roses qui veulent à tout prix que le citoyen parle quand on lui dit, et qu'il fasse où on lui dit.

     

    La palme dans ce sondage qui place très haut le niveau du foutage de gueule, revient au personnage qui incarnerait le renouveau politique pour les sondeurs odoxiens : Emmanuel Macron. Lequel incarne juste la substantifique moelle de l’élite, ex-banquier chez Lazard, auteur de lois dans lesquelles la France populaire sent bien le fouet patronal. Ce socialiste en carton-pâte a récemment affirmé, sans doute pour se rapprocher des valeurs républicaines et du peuple, que le choix d'un candidat à une fonction politique ne peut plus être celui d'avant. Exit les leaders sortis des luttes populaires, du « terrain », vive les coiffés générés par la haute bourgeoisie et légitimés par l'Ena, Sces Po, ou autre école de reproduction de la hiérarchie sociale.

     

     

     

    Toute question, protestation et récrimination sont à adresser à la Commission des sondages. Qui vous répondra sûrement qu'elle a ses statuts, ses personnels et ses modes de fonctionnement et que, si vous n'êtes pas content, vous n'avez qu'à changer votre vote aux prochaines élections. On ne sait jamais, peut-être y aura-t-il du renouvellement...

     

     

     

     

     


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