• Nuit Debout, un spectre si commun, si commode

    Les Nuit Debout trouvent sur le chemin de leur expansion la présidente du FN, qui ne semble pas prête à renverser quelque table que ce soit ou faire vivre la citoyenneté dans les nuits douces, mais à signer son bon d'intégration...

     

     

    Nuit Debout, un spectre si commun, si commode

     

    Nuit Debout, un spectre si commun, si commodeu milieu des années 70 je traversai la fac de Droit/Économie toulousaine, quartier de l'Arsenal, porté par le rêve paternel d'assurer la gamelle en devenant fonctionnaire. Ce serait un jour réalité, mais l'heure n'était pas venue. Mon parcours s'embourba trois mois dans les cours et TD ennuyeux menés par des profs caporalistes, puis reprit pour s'infléchir vers les bistrots pas loin.

     

    Pas pour moi le Droit, de toute façon j'étais déjà très à gauche, et dans ce monde-là, le progressisme s’arrêtait à VGE, ce moderniste au service d'ordre plutôt d'extrême-droite, en campagne présidentielle.

     

    J'avais eu le temps de découvrir quelques spécimens de cette faune fasciste préfigurant le FN. Les GUD et autres racailles qui venaient tracter les amphis en loden, cigare à la bouche affichant leur mépris génétique pour le bas peuple dont ils souhaitaient pourtant le soutien. Bien avant Les 100, ces rejetons de la bourgeoisie toulousaine se muaient en activistes dévoués à la castagne, au cassage de gueule soigné. Ils opéraient par raids éclairs pour fondre sur quelque étudiant isolé, catalogué « rouge », qu'ils endoctrinaient à coup de boules de pétanque. Ce grand courage envoya pas mal de malheureux à l’hôpital. Dégâts collatéraux pour la Cause des Riches, qui saurait récompenser ses hommes de main via un poste, ou un soutien financier régulier, délivré quelque officine patronale type Medef, ou autre instrument de fluidification. Toutes affirmations tirées de Génération Occident, l'histoire et les hommes qui ont mené jusqu'au FN.

     

     

     

    Là est le terreau, là est la scène originelle de ce grand parti populaire qui ne veut pas qu'on le catalogue à l'extrême-droite. Mais le réel résiste. Idées fédératrices, colonne vertébrale de la galaxie brune : haine du « rouge », attrait pour la violence, goût de l'homme providentiel, dévotion pour le leader charismatique, de préférence le plus fort en gueule et aux poings. Sur ce fond primitif, crypto-monarchique est né et a prospéré l'original des Le Pen, papa.

     

     

     

    Aujourd'hui Philippot et autres recrues, toujours visages pâles, éduqués dans les écoles de l'élite, qu'ils disent vouloir abattre, se sont taillés une posture et un discours quasiment conforme à celui des gauchistes qu'ils écharpaient dans les seventies.
    On est brun comme on est altermondialiste, chez nos libertaires en kaki. On taille le pouvoir établi et ses sbires, on brûle de renverser la table du Capital, on anathémise les multinationales prédatrices. Les français, les petits, les sans-grade reviennent à tous les coins du discours FN, dans la bouche de la fille ou de la belle fille, de la sœur ou du gendre - on ne sait plus bien quoi faire pour ne pas trouver un(e) Le Pen avec un micro, avec cette famille qui se coopte allègrement pour s'octroyer des postes grassement payés, bien en vue, dans cette République en panne qu'elle dit haïr.

     

     

    Dernier grumeau  en date dans cette bouillie idéologique destinée à flatter et cueillir le pauvre, le chômeur, le jeune et le moins jeune volés par l'"UMPS", Le Pen Marine et son staff, vomissent en chœur les Nuit Debout. Un mouvement de jeunes et moins jeunes qui n'a « rien de bien méchant » brame pourtant un cacique intermédiaire du FN. Mais pour l'héritière de la cassette et de l'idéologie brune, Nuit Debout n'est rien moins qu'une « source de violences », un labo du désordre nouveau qui conduirait fatalement à l'enfer d'un deuxième mai 68.On sent comme un léger zigzag, un minuscule écart entre la mère Téresa au balcon et la mère Tape dur au poulailler. Des zexplications, madâme l'avocate frontiste  ?

     

    On ne veut plus renverser la table, on ne veut plus en finir avec les privilèges infestant la « Ripoublique » ?...
    Cette jeunesse-là qui critique et démonte les privilèges et l'austérité contre laquelle vous n'avez pas de mots assez durs, n'est pas la bonne, donc ? Trop jeune, trop de mots à la bouche, et incapable de rester à sa place, c'est bien ça ?
    Rien à voir avec ces jeunes bien propres sur eux qui viennent égayer à l'occasion Saint-Nicolas du Chardonnet, c'est vrai. Que voilà des gens bien zélevés, et qui manient si bien le crucifix, la messe en latin.. Qui se marient même au garde-à-vous, pour faire de beaux petits blondinets bien souchés.

    Et cette jeunesse-là n'est toujours pas la bonne quand elle demande la fin de la loi de l'argent, le plus paisiblement du monde ? Elle est pourtant studieuse et aimable, avec un nombre jamais aussi faible de manifestants énervés qui taguent les vitrines des banques. Toujours non ? Étrange.
    Ces jeunes et vieux grecs qui ont occupés toutes les places du pays et pas forcément dans la joie et le calme, vous les trouviez tout à fait seyants. Jusqu'à donner votre soutien entier à leur mouvement, pourtant tout à fait rouge, et même rouge vif, à ce moment-là. En ce temps-là, qui n'est pas bien vieux, vous souteniez bel et bien Syriza.
    Mais nous sommes en France et le premier objectif d'un mouvement d'extrême-droite grimé en droite respectable – si on me permet cet oxymore – est de démolir ce qui ressemble à un mouvement de la base, du peuple. Car le peuple vous l'aimez bien au pied, avec son bulletin de vote et bouche close. Ne niez pas l'évidence, s'il vous plaît. Votre parti comme vous-mêmes donnez l'illustration d'un permanent combat de chefs et de cheftaines, d'une éternelle recherche de postes lucratifs et d'argent public, dans cette République dont vous dénoncez sans cesse les prébendes et les cooptations, les privilèges et les connivences. Le peuple, dans votre marécage familial, n'a rien à faire, ni de près ni de loin.

     

     

     

    Mais vous êtes, rassurez-vous, en voie d'intégration dans le groupuscule politicien. Vous aviez l'onction médiatique, voilà maintenant la plus importante, la ligne politique. A vouloir évacuer, écraser, éliminer ces empêcheurs de représenter en rond plantés sur des dizaines de places françaises, vous avez choisi la bonne ligne.

     

     

     

    Concernant cette jeunesse intenable qui veut sortir et se retrouver dans les nuits printanières, vos adversaires déclarés, le PS, les LR et autres abonnés à la gamelle, estiment doctement que « La violence s'est invitée »  (Cambadelis Jean-Chrisophe), ou se sentent « alarmé des dégradations visant un espace public » (Feraud.PS) ; Fillon François voit une « incohérence totale », entre l'état d'urgence et les réunions des ND, assimilant implicitement la jeunesse venue parler sur les places de France à une menace terroriste. Un autre LR, Le Maire Bruno, jure que le mouvement Nuit Debout est une « dictature de la minorité". Et LMB connaît bien les minorités puisque il fait partie de celle qui n'a jamais travaillé avant d'entrer en politique. Mais assez mal la dictature, semble-t-il, mis à part la dictature de l'argent sur son propre parti, sans doute.

     

    Une ravie de faire partie de la caste LR, Pécresse Valérie, grimpe d'un degré sur les éléments de langage de ses petits camarades en affirmant qu'il faut porter plainte « contre toutes les violences » sous-entendu celles des Nuit Debout. Enfin, un intellectuel aux lunettes cassées affirme sans rire que les Nuit Debout sont « anti-jeunes et pro-chômage »(Ferry Luc). C'est sans rire non plus, - d'ailleurs, quelqu'un a-t-il vu  rire son maître, Valls Manuel...- que Cazeneuve Bernard, de l'Intérieur, a asséné que « ces violences » étaient « intolérables ».

    Vous voilà donc tout à fait dans la ligne de  ces belles personnes de couleurs différentes et d'idéologie partagée.
    Bienvenue au club, madame le Pen, tête haute et..
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  • Commentaires

    1
    Mardi 2 Août 2016 à 11:29

    Merci pour le partage!

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