• Mc ronds, ou la culture c'est ce qui reste quand on a rien programmé

    Emmanuel Macron et la Culture, une histoire d'amour tout à fait privée...

     

    MAJ :   bas de page  -  14/02/2017

     

    MAJ II :   bas de page  -  16/02/2017

    Mc ronds, ou la culture c'est ce qui reste quand on a rien programmé

     

    Mc ronds, ou la culture c'est ce qui reste quand on a rien programmél allait évidemment de soi que France-Culture, radio où le pouvoir de la Culture ne s'exerce pas sans culture du Pouvoir, invitât Emmanuel Macron, produit classe dominante chimiquement pur et, naturellement candidat à la présidentielle. Polyglotte, à l'aise avec tous publics, sorti des meilleures officines de la « méritocratie », le jeune prétendant est le gendre de bon ton qu'attendaient les chaumières françaises de la moyenne supérieure. L'icône d'En Marche sur France-Culture montra donc abondamment son parfaitement calibré cerveau de né coiffé dans l'aristocratie républicaine. Bien loin au-dessus de la zone déshéritée nommée France.
    Il a tellement de réparties, n'est-il pas. Et il a été proche du Christ, puisque ancien disciple de Ricoeur, le philosophe bientôt patrimonisé France-Culture, au côtés de Malraux et de Proust. D'ailleurs, il l'aime la Culture, Emmanuel, et il le dit si bien : « ce projet pour la culture que je porte, il est au cœur du projet politique que je porte plus largement. »
    Elkabach, meilleur communiquant du gotha, appellerait ça une politique. Voyons voir.

     

     

     

    Sans doute a t-il tout un univers culturel dans la tête, Emmanuel Macron. En attendant, son projet culture tient en trois propositions.

     

     

     

    Prop 1 : une espèce de carte de fidélité Auchan – le pass culture. Obole de 500€, 18 ans pour chaque français. Tu iras te cultiver en concert, en musée, en maison de la Culture. Et le goût de la culture tu auras. Bonus de 50€ à qui calculera combien ça fait de concert de Johnny, de visite au palais de Cire, ou au musée Dalida, en attendant qu'ouvre l'aile du Louvres consacrée, de son vivant, à Cyril Hanouna. Les photos pour se rappeler ces bons moments sur la mobylette, entre deux pizzas livrées, ne sont pas pris en charge pas E. Macron.

     

     

     

    Prop 2 : ouvrir les bibliothèques le soir et le dimanche. Contrairement à Mélenchon, j'y suis favorable, les bibliothèques étant des lieux d'échange autant que de livres. Et le soir comme les week-end un grand nombre de personnes pourraient trouver là, en plus des livres, une pause dans la solitude et la désespérance qui frappent massivement les français.
    Mais, comme l'a pointé Jean-Luc Mélenchon, c'est pas Emmanuel Macron qui va faire les heures sups du soir – jusqu'à quelle heure, d'ailleurs ? - où aller passer le dimanche dans les rayons plutôt qu'avec des amis ou en famille. Mais le mot qui fâche dans cette proposition hâtive est « emploi ». L'Etat trouverait là matière à créer des emplois, lui qui assure lutter contre le chômage. Eh bien, non, Emmanuel Macron reste dans l'hypocrisie dominante. Il ne créerait rien du tout, continuerait à déshabiller Pierre pour habiller Paul.
    Cette évidence de faire ce qui combattrait le mieux le chômage – créer des emplois pérenne - n'est sans doute même pas venue à l'esprit de ce parangon des certitudes ultra-libérales du « beau monde ».

     

     

     

    Prop 3 : co-financement d’initiatives locales favorisant la culture à l'école, par exemple via le développement de centres inter-scolaires de pratique artistique, sur le modèle des « music education hubs »britanniques. Pourquoi chercher exemple ici, le modèle Maggie Thatcher Theresa May est si évident.
    Le courant sur lequel est branchée l'Ecole depuis au moins 20 ans est celui du downsising, renommé « mutualisation ». Faire mieux avec moins. Ça ne marche évidemment pas, et les profs, les élèves, les parents souffrent particulièrement là où ils souffraient déjà beaucoup, dans ce que la rhétorique monarco-médicale des crânes d’œufs de Ministère, de Directions diverses appellent quartiers « sensibles ». Avec moins d'argent, de personnel, de matériels, il faut faire mieux. C'est l'imbécilité, le déni du réel, la servilité au programme de destruction de l'école concoté par les multinationales que prônent tous les ministres de l'Education Nationale. Le rapport Thiélot, il y a déjà vingt ans, montrait les faits et la nécessaire relance. On aurait pu créer des milliers d'emplois d’État. Ce qui aurait sapé les appétits privés des maquignons marchands et politiques.
    Emmanuel Macron le révolutionnaire en appelle à continuer les mêmes pratiques. D'avance on peut prédire qu'il n'y aura donc pas de budget supplémentaire pour donner à l'Ecole les moyens dont elle a besoin et qu'elle mérite pour nos enfants – ou alors deux pincées pour la façade de l'hyper réalité. On continuera à participer activement, du côté des autorités nationales et locales à la dégradation de ce qui était le meilleur et le plus juste des systèmes d'enseignement, parce que basé sur une ambition toujours relancée : faire entrer les multinationales, faire du marché au lieu d'enseignement, faire du bizz et baisser encore la qualité parce qu'on aura obligé le petit groupes de profs restant après les coupes à enseigner a minima, à grands renforts d'ordinateurs Microsoft, de kits éducatifs Google, etc.
    Objectif : mutualiser l'enseignement au rabais, définitivement gripper l’ascenseur social déjà en panne. Et garder la grande masse des enfants du peuple là où ils sont « naturellement » à leur place : dans le travail dur, répétitif, précarisé et de plus en plus mal payé. Ou à s'occuper à ne rien faire dans un horizon déserté par l'employeur parti là où la misère ferait n'importe quoi pour faire faire du profit.

     

     

     

    D'ailleurs Emmanuel Macron sollicite ses amis pour arracher l'école aux valeurs que les enseignants défendent chaque jour contre les Najat-Belkacem, Darcos et autres marionnettes souriantes du Marché.
    Il déclare, sans sourciller, ce candidat « ni de droite ni de gauche », mais en euros : « Pour financer ces mesures, et notamment le pass culture, il est souhaité que les entreprises du secteur de la culture, qu’il s’agisse des éditeurs, des distributeurs, des exploitants de cinéma, des salles de spectacle, et des grandes plate-formes numériques (Google, Amazon, Facebook, Apple), soient sollicitées, aux côtés de l’État, pour apporter leur contribution. »
    Partenariat public-privé à grande échelle, à l'heure où la main-mise des multinationales sur la démocratie est dénoncée même à droite et où les partenariats public-privé apparaissent pour ce qu'ils sont : des attrape-couillons pour l’État, où nous laissons des sommes faramineuses pour un service de mauvaise qualité et de plus en plus cher. Qu'importe. Argent, profit pour ces vampires et sans aucun doute aussi pour les politiques qui les défendent. Qui a hébergé le site d'En Marche, un temps ? Le Medef.

     

     

     

    De toute façon, contrairement à ce qu'à raconté la volaille de gauche comme de droite et ses micros serviles, l'intérêt privé n'a rien à voir avec l'intérêt général, en matière de Culture pas plus qu'ailleurs. On voit le résultat catastrophique des privatisations dont se sont gargarisés les politiques « influencés ». Le management de la terreur fait des ravages mortels dans les rangs de France-Télécom, La Poste, EDF. Pour un service toujours plus coûteux et à obsolescence programmée. Pendant ce temps, les ambitions spéculatrices des dirigeants font perdre des fortunes à ces anciens services publics et ils n'ont même plus les moyens d'entretenir leurs infrastructures, mettant clairement la population en danger mortel. Voir EDF et ses centrales vétustes.

     

    On ne saurait être plus clair qu'Emmanuel Macron. Emmanuel Macron a choisi de continuer l'arasement de l’État et de sa mission républicaine, s'inscrivant ainsi dans une volonté commune des « démocrates » d'inspiration, sinon aux ordres des USA.

     

     

    La Culture de Macron vous susurrera toujours « I love you ». L'enchantement évanoui, pas de programme, encore moins de projet qui supposerait une vision étendue et profonde de l'intérêt général. L'intérêt général soigneusement désappris dans son premier employeur le banquier Rotschild.

     

     

     

    Il aurait pu jeter aux orties ce catalogue étique de mesurettes décousues, désigner et tenter de résoudre les vrais problèmes que posent l'accès à la Culture et le maintien de sa vitalité.
    Redonner une vraie place au livre, traité sur le principe du moins-disant créateur par les industries textuelles.
    Relancer l'éducation populaire, au cœur des quartiers et ailleurs, avec l'élévation de nouvelles Maisons de la Culture.
    Reprendre en main des médias qui sont pour la plupart aujourd'hui des haut-parleurs du pouvoir et structurées autour du sécuritaire et du sanglant, exprimant ainsi une vision du monde d'extrême-droite, servile et paranoïaque à la fois.
    Régler une bonne fois le problème des intermittents, ces créateurs maltraités dans leurs rémunérations par les représentants du gros business au Medef – même pas autorisés à participer aux négociations finales sur leur propre statut.
    Régler également les dossiers « aides à la presse », pour favoriser l'information indépendante, et « médias libres » impliquant de couper le fil d'or entre médias et ploutocrates.
    Enfin assainir Radio-France, sous la coupe d'un ultra-libéral gaspillant des fortunes pour sa com pendant que le « petit  personnel » est payé au lance-pierre et que les émissions perdent en qualité, en indépendance, en moyens humains et financiers.

     

     

     

    Finalement, le plus inquiétant dans la comète Macron, c'est qu'un personnage aucunement porteur d'un parcours social ou politique militant, jouant quasi-exclusivement de son image et de petites phrases vagues, puisse parvenir ainsi à concourir dans l'élection du personnage majeur de la Vème république.

     

    MAJ:

    Colmatant comme faire se peut les brèches criantes de son "projet", E. Macron déclare (Le Figaro 12/02/2017)   " "c'est une erreur de penser que le programme est le cœur" d'une campagne électorale, alors que, selon lui, la politique, c'est "mystique", c'est un "style", une "magie"
    Bienvenue aux lapins, aux chapeaux et aux enfants dans cette présidentielle, donc. 

     

    MAJ II :

     

    Un œil jeté au domaine lié à la Culture qu'est l’Éducation n'infirme pas les conclusions tirées à la lecture du "projet" Culture.

    Après un préambule-pommade pour les enseignants - il faut "remettre l'enseignant au centre...blabla...Charte pour les parents...bienveillance...blabla Sciences-Po.


    Prévisible et effectif constat : le "projet" Éducation n'a qu'une proposition tout à fait gratuite appuyée sur un constat faux. Et parfaitement connue depuis des décennies. Elle est avancée par un certain "comité de Cauderan"...
    E. Macron la reprend et propose donc d'améliorer la qualité et l'impact de l'enseignement en ZEP - un remède sorti du chapeau par divers préposés depuis trente ans, à l'étranglement de l’Éducation Nationale au profit du privé - en diminuant le nombre d'élèves par classe "de moitié". Ce qui suppose des créations de postes en masses, et des transferts financiers et matériels très importants. Dont il ne dit mot. Sans doute compte-il sur les multinationales qu'il supplie de l'aider pour recruter avec formation approfondie des enseignants de ZEP. Je demande la formation Amazon. A base de drones ?..

    Le pire étant qu'on est bien plus proche aujourd'hui de classes à 30 élèves, même s'il y en a un peu moins en CP. Mais diminuer les effectifs sera un emplâtre sur une jambe de bois si on ne le fait pas pour toutes les classes.
    Le "projet" bâti sans doute en reprenant les anciens discours de Darcos et autres joueurs de bonneteau avec la vie des gens, rassura le big business. L'EN va aller bien plus mal après le passage de Macron qu'avant et les pools multinationaux pourront débarquer en arrosant tout le monde, le hit man aura déjà fait le job, donner sémillant aspect à une révolution parfaitement conservatrice.

     

     

     

     

     


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