• La poêle

     

    Parmi ces réceptacles qui gravitent ou ont gravité autour de moi, la poêle. Un nouvel objet poétique...

     

     

     

     

    La poêle ille aînée des cuissons ordonnait à feu vif sucs et odeurs

     

    les condamnés à grande faim béaient enfin d'aisance

     

    en ces temps, les yeux de l'enfant ne perdaient rien de l'épiphanie

     

    la chaude poêle inventait le désir, promettait satiété

     

    nous croisions alentour, la grande poêle n'était pas la seule usée

     

    le feu sans répit prodiguait ses ardeurs

     

     

     

    je et nous étions trois à la maison des odeurs, la mère, le père et moi

     

    quand venait l'heure de la poêle elle me servait de l'enfance

     

    calcinée, cabossée, vieille servante des rites demeurait

     

     

     

    sans manières de grande tablée elle servait du simple

     

    à l'heure du partage familial elle trônait au centre

     

    sa chaleur nous promettait la fusion

     

     

     

    au moins pour un repas nous étions la tablée trinité

     

    à mélanger nos cœurs d'une même bouche

     

    nous n’avancions rien d'autre que ces petits bruits savoureux

     

    tandis qu'elle se vidait, larguant sa chaleur dans des parchemins à dérouler bien plus tard

     

     

     

    l'objet contemporain tient sa surface anodisée à distance des peaux savonnées

     

    en son sein d'acier copulent des nourritures appauvries

     

    odeurs, fumées, chaleur disparues en milieu céramiqué

     

    l’œil s'égare sur la surface nutritionnelle parfaitement calibrée

     

     

     

    et méconnaît les parchemins.

     


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