• Des séparations nécessaires

     

     

    Tous les poètes, y compris les plus avant-gardistes, ont besoin d'un père. Mais ceux-ci étaient orphelins par vocation.

     

    Les détectives sauvages – Roberto Bolaño - Ed. Gallimard Coll. Folio - p. 264

     

     

     

    Des séparations nécessaires es gens marchaient à petit pas, s'arrêtaient, se regardaient

     

    Repartaient de l'avant, vers l'odeur du feu, du fracas, du changement

     

    Le goudron était chaud d'une bonne chaleur longtemps conservée

     

    Pour changer ce qui devait être changé car même eux, tout là-bas devant

     

    Et moi qui regardais à travers la procession, à travers le temps qu'elle vivrait

     

    Je savais devant les façades qui brûlaient une à une, que l'Ecclésiaste n'est rien

     

     

     

    Les Iconoclastes renversait d'abord le cours des Horloges, ensuite dans un permanent fracas

     

    Tombaient les Idoles internes salement collées aux crânes des morts sans rémission possible

     

    Fuyaient ceux qui n'avaient pas encore trouvé sépulture où s'abandonner devant le changement

     

     

     

    Tout autour, si près et très loin dans une histoire que les marcheurs commençaient à reconnaître

     

    Les simulacres tentaient barrage après barrage

     

    Ânonnaient des noms qui scintillaient encore d'une lueur hypnotique

     

    Excommuniés, excommuniés vous êtes, marmonnaient-ils à voix tonitruante vers la masse des marcheurs

     

    Et s'en allaient les uns et se perdaient les autres dans le labyrinthe des sons pervers

     

    Combien ont adopté le mode simulacre je ne le sais, mais je n'ignore rien de la déréliction

     

    Ce fut les temps des éons, le temps où les douleurs de la séparation avec soi excédaient toute horloge

     

     

     

    Les Iconoclastes bousculaient, renversaient, bâillonnaient ensuite les zones langagières infestées

     

    Un temps pour le fracas des choses lavées des matières sémantiques corrompues

     

    Un temps pour vivre, un temps pour revivre chantaient les marcheurs

     

     

     

    Tout du long était la fête, danser et enjamber le temps, conjurer d'un geste l'avenir des porcs

     

    La chanson et la grâce des anges renaissants devaient une chandelle aux débridés, aux guetteurs et aux esprits obstinément déviés

     

    Je ne pouvais que rire à m'en fendre l'écorce et encourager notre trajectoire chaman vers

     

    Les commencements, car il fallait d'abord dessiner face à ceux qui nous promettaient des fins

     

    Les commencements, apprendre notre tête à desservir jusqu'à la stase, l'épiphanie enfin

     

    Alors pouvaient émerger les survivants

     

    Moi, j'en suis, et toi, et nous autres de là et d'autre part, anciennement enchaînés

     

    Avec l'ailleurs qu'exsudaient les matières sémantiquement corrompues

     

    Lesquelles s'épuisaient avec rapidité à courir nulle part dans leur enclos rétréci de minute en minute

     

     

     

    Les Iconoclastes ne cessaient de s'encourager, de s'échanger manières et gris-gris pour défaire

     

    L'innommable, éclatant langoureusement les simulacres à coups de bombes déformatrices et de contempteurs incréés

     

    Pouvaient déferler les hordes tout autour, compulser leurs livres de prières insanes

     

    Pouvaient tourner les carrosses au carnage dédiés dans les marges incertaines de notre avancée

     

    Nous apprenions à les démembrer, ressuscitions des instincts piochés dans les cartes de la mort

     

    Un mot miraculé suffisait souvent et s'écroulait un bataillon, s'ouvrait le ciel à nous rendu

     

    Le jeu était nôtre, nous étions le jeu, nous avancions vers la fin en ordre de départ instinctif

     

    Nous étions décidés, nous avions juré qu'après l'ultime viendrait un début

     

    Notre terme inédit

     

     

     

    A nous la mort, à nous la grandeur, à nous l'honneur de vivre réconciliés avec la substance même

     

    Des choses, de simples choses, toutes anonymes

     

    Venaient à nous une langue nouvelle de chair enkystée, dans le verbe phénix sortant de nos bouches

     

    Cris de plaisir, sanglots de joie inouïs

     

    Notre langue étendard déployait sa lumière tandis que j'écrivais, marchais, vivais

     

    Avançais vers le destin mien et notre dans une liesse ataraxique

     

    Du monde, des mondes infinis dans nos têtes explosaient au cœur de la franche clarté

     

    Routes dépavés, direction l'avenir incertain et possédé, de nouveau possédé.

     


  • Commentaires

    1
    arlette
    Mardi 4 Octobre 2016 à 09:05

    c est pimente

    2
    Mardi 4 Octobre 2016 à 09:59

    J'espère bien, Arlette !

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