Quelque chose de spécial dans l'air, le tourbillon créé par l'avenir qui écarte déjà le rideau. Ce mouvement à l'intérieur de moi m'invite à caler mes envies d'écrire sur la suite du confinement. D comme déconfinement, donc. Ecrits courts, sans autre contrainte particulière, dans un registre entre aphorisme et poésie. Périodicité : toutes les quarante-huit heures.

'instinctive, mystérieuse empathie envers mes semblables

aujourd'hui je la vois en blanc, parée pour s'en aller dans la barque de Charon

un éléphant blanc accueilli aux urgences épuisées

souffle au respirateur « occupez-vous plutôt du perroquet derrière moi »

alors, les baisers, les rires de la jeunesse sculptant ses doubles de lumière

alors, tout cela ne recèlerait plus la douceur qui attire l'impensable avenir...

dans les yeux de la vieille explorant une poubelle, je n'ose regarder

la peur, la honte, le dégoût dissimulé ne confrontent que moi-même

blanc pur comme l'humain nu et la mort

derrière ces masques retrouverons-nous notre véritable figure ?

j'ai pris la pluie, elle était toute grise, dans mon col accueillie

elle m'a semblé pure

dans la rade silencieuse l'inattendu requin explore

les eaux dépolluées ont une saveur préhistorique

les yeux lancent leur vie secrète à tous les passants

ils survivent à peine, au-dessus des masques