• Cynisme à grosses mailles contre consumérisme ?

    Si l'on met de côté le gotha richissime, toujours sous les radars, le monde tel qu'il va est divisé en deux catégories, réelles et ressenties. Une minuscule fraction de golden boys, les politiques. Ils pensent, ils approuvent, ils rejettent, ils imposent, bref, ils se substituent totalement à la deuxième catégorie qu'on peut appeler le peuple. Mis à part le groupuscule richissime, avec quelques serviteurs dans les différentes CSP, il est très majoritaire. Le silence et l'obéissance constituent ses règles de vie, ordinairement.

    Sauf quand le cynisme des politique devient criant et qu'un consumérisme en œuvre depuis des décennies a subtilement modifié les têtes et les corps qui se redressent...

     

     

    Cynisme à grosses mailles contre consumérisme ?

     

    Cynisme à grosses mailles contre consumérisme ?lus d'un année de protestations, d'actions collectives, d'immenses manifestations, une révolte sans précédent dans le nombre et la durée. Suivie par, déjà, une semaine de blocage massif du pays, dans une convergence des rejets, des exigences communes, du refus total du dernier coup de poignard à la mode ultra-libérale dans le dos d'un pays à bout, épuisé : la suppression de la retraite par répartition. Poignard affûté manié par la team du président Macron, président par défaut(s) qui a fait entrer la France dans un régime plus proche de Mussolini que du détesté Sarkozy, aujourd'hui mentor, parait-il de ce même président.

     

     

     

    Ce poignard, donc, s'appelle « réforme » des retraites. Énième régression qui, d'un coup, sur les ordres de la Commission européenne – groupuscule d'ultra-libéraux, fanatiquement dévoué aux prédateurs planétaires, multinationales et autres richissimes mollahs de l'argent-roi. La Commission brise des populations entières sans être élue, écrasant au passage l'ordre naturel des fonctions représentatives, plus précisément le Parlement de l'Union européenne, qui devrait décider. Mais que reste-t-il à décider après la constitution de l'UE, tunnel sans issue vers l'économisme total, l'écrasement de l'humain sur toute l'espace de l'Europe ? Tout cela voulu, planifié, construit par Giscard et quelques autres musiciens aux partitions brutales. Lequel Giscard siège au Conseil Constitutionnel de la France, c'est dire le pouvoir de nuisance de ce Conseil qui annihilera toute loi possiblement orientée vers le social.

     

     

     

    On ne saurait mieux choisir comme analogie pour qualifier les « réformes » de ces êtres qui nous sont littéralement étrangers - au sens où leurs valeurs et leur mode de vie ne nous ressemblent en rien - que celle du Chili des années 70 où sévirent les pendants, les inspirateurs sans doute, du Sarko-Hollando-Macronisme, les « Chicago boys », qui ruinèrent, en appliquant des principes économiques ultra-libéraux, un peuple saignant déjà abondamment sous la dictature du généralissime Pinochet.

     

    Comme l'a montré Naomie Klein dans La stratégie du choc, ces économistes académiques, sous l'emprise des théories de Milton Friedmann, lui-même dans l'ornière Hayek, soumirent le peuple entre leurs mains à une stratégie de tabula rasa, en éradiquant toute espèce de redistribution – prestations sociales, services publics et autres aides aux classes populaires. Exactement, de la même manière que les psychiatres de l'époque nettoyaient les esprits à coups d'électro-chocs violents et répétés. J'ai pu personnellement connaître une victime de cette thérapie. Il avait vingt ans quand il est passé dans les griffes d'un psychiatre séduit par cette évacuation de l'esprit humain à coups de puissants psychotropes et de doses d'électro-chocs à tuer un cheval. Le jeune homme qu'il était en est ressorti impuissant et le psychiatre a pu faire carrière tranquille et respectée.

     

     

     

    Il n'existe aucune hésitation dans cet ordre de fer tout à fait articulé d'un bout à l'autre de la hiérarchie planétaire, tout à fait conscient et déterminé à nous écraser, comme le montre le bilan sanglant de la violence d’État contre les Gilets Jaunes, ou les pompiers, ou même les syndicalistes rétifs.

     

    La conscience de cette impasse sanguinaire entre peu à peu dans l’esprit des foules. Peu à peu, dans la douleur. Amère conscience qu'on ne peut que résister, que refuser par tous moyens la violence législative, institutionnelle, policière et judiciaire de cet état fasciste qui s'est glissé dans la République comme le ver dans le fruit. Rien à voir avec quelque légitimité que ce soit. Adoubés par dix pour cent du corps électoral, les usurpateurs qui l'organisent, maltraitent les quatre-vingt-dix pour cent restants, cooptent un entourage vénal et votent des lois dictatoriales, soutenues par une propagande hallucinante et des hordes barbares au service d'un Ordre thatchérien.

     

     

     

    Il y a cependant comme une amère satisfaction qui peut sortir de tout cela. Elle a à voir les derniers événements, les derniers propos des (ir)responsables coqs de l’État – Philippe, Darmanin, Blanquer, Buzyn and C°, jusqu'au sommet de l'édifice.

     

     

     

     

     

    Toute cette énergie pour affirmer que la Terre est carrée et que Macron agit dans l'esprit républicain, est entourée, comment dire, enveloppée par un cynisme contaminant, espèce d'aura du « gouvernement », comme le pus épais sourdant d'une plaie non soignée.

     

     

     

    Contaminant, puisqu'il s'étend aux plus fragiles « partenaires sociaux ». La CFDT déjà avec un lourd passif de renoncement quand il s'agit de défendre des positions et des valeurs, une fois encore au moment crucial du combat contre le fascisme macronien, cède. Cède et déclare par la voix de Berger, son boss, qu'il faut aller à la table, « négocier », la queue entre les jambes. Un cynisme de carriériste, doublé là aussi d'une surdité totale à l'égard de sa base qu'on peut voir de plus en plus dans les manifestations.

     

     

     

    Cynisme de confédération, de managers, qui redouble, rend plus éclatant encore le cynisme du grand-prêtre de la Macronie, et de son cabot chef à la parade, quand il affirme que de dézinguer la plus belle construction sociale depuis la guerre contre les nazis, est une mesure égalitaire et une faveur universelle.

     

    Cynisme des institutionnels également, encore accru par le cynisme brut comme un fait du Prince, celui accordant le maintien du régime spécial à certaines catégories de la police, représentées par le syndicat d'ultra-droite Alliance, - à la rhétorique rappelant les néo-nazis du GUD des années 70 – alors que le jour même E. Philippe, premier ministre quand même, tempêtait contre les régimes spéciaux, prétendait les supprimer partout et pour tous.

     

    Cynisme, enfin, quand lui-même, et tous les élus dans son genre, s'oublient devant la loi qu'ils veulent à toutes forces nous imposer, pour continuer à bénéficier, eux, d'un régime de retraite ultra-spécial et finir décorés, tranquilles, leurs vieux jours, après avoir taillé en pièces la France. Comme garderont leurs retraites de privilégiés les « députés » et autres courtisans sénatoriaux.

     

     

     

    Cette accumulation de cynisme, pour aussi minable et révoltante qu'elle soit, est une bonne nouvelle. L'évidence est aveuglante, même pour le plus macronien, le plus insouciant, le plus indifférent à la chose politique. Ils ne se cachent même plus, pour se contredire d'une heure à l'autre, pour protéger les leurs et uniquement les leurs. Qu'ils soient néo-nazis en bleu, traites récidivistes de la pseudo-défense des salariés, ou simple profiteurs à écharpe tricolore.

     

     

     

    La population entière a sous les yeux la grossièreté clanique du Macronland. A l'exemple de Ferrand - personnage prompt avant tout à tirer avantage des mandats et missions qui lui furent donnés -, propulsé à la tête de l'Assemblée et refusant de recompter les voix d'un vote en séance, alors même qu'il s'était trompé. Les mercenaires de Macron se servent, se protègent et s'exonèrent tranquillement, devant tous, de la férule qui devrait soumettre tout le monde.

     

     

     

    2020 s'annonce comme une année éruptive. Partout dans le monde les peuples en ont assez du joug de la représentation. C'est non seulement une exigence matérielle – en finir avec les privations reconduites, sinon amplifiées, des décennies durant -, morales – en finir avec des politiques corrompus et aux ordres de l'UE et de Washington – mais aussi une exigence plus subconsciente, insidieusement développée en chacun par des éons de pratique consumériste.

     

     

     

    Les marques n’arrêtent pas de solliciter le commentaire des gens – « donnez-nous votre avis sur.. » -, modifient leur présentations, leurs produits en fonction des indices de satisfaction, sans oublier le service client, les SAV et autres soutiens aux consommateurs. Même si la cible fondamentale reste le portefeuille, et qu'à un niveau supérieur, les firmes n'en ont rien à faire des ressentis du client, ils en tiennent compte, au moins superficiellement.

     

    Cet état d'esprit s'est ancré fortement dans l'esprit du consommateur. Tout le monde s'est habitué est être sollicité et solliciter à son tour, à protester, à boycotter, même, telle ou telle marque pour de multiples raisons. Dans les limites du profit, les multinationales ont instauré une sorte de « démocratie participative », de réciprocité au sens où il y a écoute et prise en compte réelle du client, sur des points assez mineurs.

     

     

     

     

     

    Les politiques n'écoutent pas, n'entrent jamais, ou presque, dans un échange avec un citoyen – pour avoir écrit trois ou quatre fois sans aucune réponse à M. Euzet, député de ma circonscription, je ne me fais plus d'illusions – et ne considèrent pas qu'ils doivent faire autre chose que parler à la place des gens, leur dicter ce qu'ils doivent aimer, ou pas, ce qu'ils doivent posséder pour (sur)vivre, quand ils doivent se taire (la plupart du temps) et quand ils doivent se manifester (le temps des élections), pour qui ils doivent voter et quel système ils ont pour mission républicaine de choisir.

     

     

     

    Le consumérisme laisse au moins un choix superficiel. Le politique, aucun. C'est donc une contradiction frontale de plus qui se présente dans le conflit politique-citoyen que tout le monde ressent et redoute, tout en l'appelant de ses vœux. A des degrés divers la même oppression écrase les citoyens de la plupart des pays du monde.

     

     

     

    Les politiques constituent un groupe fermé aux autres, à tout ce qui n'alimente pas sa puissance et son aisance. Cette attitude, cette stratégie sont totalement obsolètes et inadaptées aux exigences citoyennes, à la culture contemporaine, comme aux défis vitaux de l'avenir. Ça ne peut plus durer. Ça ne va pas durer.

     

     

     

     

     


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