• CJ29 chronique du 2ème confinement - jour 29

     

    Écrits au jour le jour s'échappant vers la fiction, dans l'espace-temps du reconfinement...Ce deuxième confinement, au sens strict, se termine aujourd'hui pour être transformé en liberté surveillée. Cette chronique devrait donc également s'achever ce jour.

     

     

    CJ29 chronique du 2ème confinement - jour 29

     

    Rêvé qu'exaspéré, à bout, j'arrachais mon masque. Et celui d'en dessous, et le suivant, et l'autre encore. Ça durait, ça durait. Les doigts endoloris, tremblants, je persistais en grognant de fatigue et d'angoisse.

     

    Libéré. Je ne sentais plus de ficelles, plus de tissu, plus rien. Je réalisai que je m'étais épuisé en plein milieu d'une sorte de boite rectangulaire qui aurait pu être une pièce, mais les contours restaient indiscernables, très lointains, ou inexistants. Sommaire crayonnage d'un architecte feignant ou gavé. Comme des nuages compacts défilaient à toute vitesse autour de moi. Boules grisâtres lancées vers une destination sans intérêt, mais décidées, dangereuses.

     



     

    Quelque part, une glace. Je me suis vu blafard, les yeux gonflés, pochés et rougis du manque de sommeil et d'une imagination à vif. Dégoûté, défait devant cet être qui ne ressemble à rien, comme projeté vers le miroir par un espoir déraisonnable de quitter le rien, travaillé par une surnuméraire envie d'exister.

     



     

    Je vois, je palpe. Au-dessous des yeux, du bleu rêche. Le masque est toujours là. Pas remarqué, tellement je suis occupé par la petite météo de mon intérieur. Quand je pose les mains dessus, c'est froid et pelucheux. Il est vieux, ce masque. Je veux l'attraper, l'arracher une bonne fois. Zéro ficelle, zéro coutures. Le masque est dans ma peau, ma peau est le masque. Je crie. Non, je ne crie pas. N'ose plus bouger la tête. Immobile, je bous, mais immobile. Le mal à l’œuvre va s'en aller, les cieux s'ouvrir pour moi. Coulera la lumière paradisiaque et se désagrégera, s'effacera la prothèse détestée.

     

    Les nuages filent comme des bombes stupides. Immobile. Tout autour de ma tête crispée, des échos d'un air que je reconnais comme une musique chère. Je n'arrive pas à l'identifier. Peut-être si je bougeais un cil, les accords seraient plus plaqués, la mélodie plus nette. Mais je me réveille, la main droite sur le visage. C'est ma main.

     


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