• Charlie retourne aux sources ?- II

    Difficile de passer à côté du rassemblement des "Charlie" que la France vient de connaître. Son ambiguïté a suscité un temps mon indignation; aujourd'hui, ma réflexion. Au bout de quelque jours de Charlie tous azimuts, premières conclusions sur le devenir de ce rassemblement.

     

     

    n quelques heures, dépassant, submergeant le grand rassemblement, le slogan a tout recouvert. Avec un immense et spontané désintéressement les mairies soudain sont Charlie, les majors du grand écran sont Charlie, La Poste est Charlie, les épiciers, les fleuristes, les tabac, coiffeurs, les cordonniers et les agents immobiliers sont Charlie, la Business School est Charlie, le Football club est Charlie...

     

     

    Côté paillettes, feu d'artifice médias, le ban et l'arrière-ban des copains, des potes, des connaissances, des relations et des contacts de Charlie-Hebdo sont interpellés, cuisinés et confessés. Numéro spécial, Hommage extraordinaire, Rétrospective unique, Historique singulier. Ça se lamente, ça commémore, ça s'effraie du sol au plafond. Par bonheur, la vraie inquiétude de la coterie surpayée pour jouer les Charlie sur écran et sur tabloïd se dissipe bien vite. L'arnaque a marché comme ont marché les chefs d'état sur le rassemblement. « Je suis Charlie a réuni 3.70 millions de téléspectateurs, soit 18.5% du public présent devant son petit écran. France 2 était au coude à coude avec TF1 et France 3 jusqu’à 23h15 et se classait largement leader dès la fin des Bronzés ». Sans plus de façon on se congratule, dans l'obsédant bruit du mesureur d'audience et du tiroir-caisse. Tirage, re-tirage de Charlie-Hebdo, tirage, re-tirage du Canard Enchaîné, appels aux dons. Les français foncent comme des bédouins vers l'oasis. Pourquoi se gêner.. ?

     

     

    Les politiques avaient là une occasion en or de redonner du sens, de la communauté et du pouvoir au peuple. Des états généraux pouvaient être mis en place rapidement, pour donner chair à ce socialisme participatif dont s'est gargarisé Ségolène Royal et autres responsables. Interroger cette foule venue dans les rues pour dire non au terrorisme, et oui à tellement de choses qu'elles demandent toujours sotto voce. La laisser réfléchier elle-même sur ce terrorisme providentiel pour les états en panne de légitimité, la laisser élaborer des solutions qui aillent à la racine du mal, comme un peuple adulte - ce qui devient à peu près inconcevable avec tous ces politiques contournés qui exigent que le peuple reste à sa place, en bas, et muet. Ce, avec l'aide des meilleurs et des plus impartiaux analystes de sens de l'Université. Comme on le droit et les moyens pour le faire les députés qui recoivent des experts pour améliorer leurs réflexions et leurs prises de décisions.

     

     

    Car il est impossible de ne pas voir aussi dans ce rassemblement un réflexe de groupe contre toutes les peurs dont la peur de l'ennemi ismaliste n'est que la figure la plus immédiatttement et matraquée à tout rompre par la cohorte des médias serfs. Ainsi, la peur de l'écrasement dû à l'austérité, de la mondialisation dont on voit qu'elle profite à tout ce qui est financier mais apprauvis l'immense majortié, aux pronostics implicites de rupture grave au niveau mondial – échos persistants de crack boursier à venir de nouveau, de guerre à terme entre Chine et USA, Russie et USA, etc. Enfin, les français ont voulu sans nul dout simplement exister, contre la dépossession totale que leur imposent les politiques.
    En guise de réponse, les responsables tricolores ont choisi la com, la dévaluation monétisée du rassemblement, la caricature publici-Taire. Pire, ils ont acclamé les accents d'un matamore qui a entendu plus de flics, plus de contrôle et veut à toutes forces nous décliner la version française du Patriot Act de ces états-unis qui semblent être son modèle, sa boussole et son prescripteur, comme ils le sont pour Hollande. Les 577*, en pleine hystérie belliqueuse, nous ont refait du Charlie, Martel cette fois, boutant l'arabo-musulman hors de la patrie. Union sacrée pour le grand profit des multinationales de l'armement, des planqués à étoiles à fond de caserne et des officines modèle NSA franchouillard.

     

     

    La France va être de plus en plus pauvre, mais couverte de flics aux pouvoirs de plus en plus exorbitants et discrétionnaires. Grâce à la rose-brun, bleue et blondasse on va tous crever au garde-à-vous d'austéritaire aiguë, pour gonfler la panse des 1% qui infectent le pays. Ce qui va, naturellement pousser les potentiels terroristes à challenger et désespérer les français d'origine arabe d'un jour être autre chose que des sous-hommes sur ce sol.

     

     

    Les quelques hommes et femmes de gauche qui restent dans ce pays livré à la manip généralisée de leurs pseudo-représentants, les quelques citoyens ont à se rassembler, pour résister déjà à cette vague sécuritaire que poussent avec un zèle fascisant les gros commerçant qui tiennent les médias.
    La gauche est à terre, elle ne peut espérer pouvoir bâtir mais défendre au moins ses idées, ses projets. La bataille des médias, du contre-feu culturel est aujourd'hui, il faudrait que les oreilles se lèvent et qu'on sorte de ces excommunications que nous pondent régulièrement les ouvrières et tous ces types qui ne tiennent debout que par leur passé.
    Les partis qui se complaisent dans le sectarisme, les politiques qui travaillent leur célébrité et les citoyens qui pensent qu'on va reprendre la main avec la dynamique révolutionnaire d'octobre ou de 89 feraient bien de se faire silencieux et de réfléchir un petit peu, avant de relancer encore leurs cartes, leurs egos et leurs dogmes qui nous enfoncent encore, face à ce qui nous devient dessus dès aujourd'hui.

     

     

    *Députés

     


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