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Ville
Avec un peu de retard, le vingt-deuxième et dernier poème de la série Anthropocène perdu. A la force de ses machines, l'homme est parvenu à se faire sa petite niche à lui dans les immenses ères géologiques. A peine installé, il fait tant de bruit et bouscule tout avec tant de fureur qu'il va s'effacer bientôt lui-même de l'Anthropocène.
Inventaire poétique de ce qui va disparaître juste avant lui...Aujourd'hui, la Ville.
22 poèmes pour un Anthropopocène étalé sur 220 années, ou à peu près.a mémoire fouaille la douleur couche après couche
recoins défaits zones inertes espaces suffocants
l'ultime grâce de la revisitation est désormais
interdite
ta ville s'appelait comment déjà
faim foule fureur
démence transe croissance
aujourd'hui oublie
disparue un jour soufré
pacifique en fureur
la voix des eaux ne murmurait pas
ce village sous respirateur fané où maintenant tu existes
décollera vers le présent dès que tes lucioles s'éteindront
tu navigues dans les rues submergé d'incompréhension
tu vénères la puissance oubliée du ciment et de l'acier
tu ignores le grincement du vivant sous la fièvre folle
tu ignores les transhumances inhumaines
tu ignores l'arrogance de ton entropie
tu ne sais même plus comment elle s'appelait
tu as mal et tu es si fier
d'avoir mal
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Commentaires
La puissance des deux derniers vers est impressionnante : très beau poème d'une grande et belle humanité..