La PDG Ernotte Delphine, fraichement propulsée à la tête de France-Télévisions promet une nouvelle chaine, dans le registre info continue. L'info continue à désinformer et France Télévision à dériver. Deux raisons nécessaire pour lancer la nouvelle chaîne ?...

ouvelle promesse dans les cartons du service public audio-visuel France-Télévision, la création d'une chaîne d'  « info continue ».
Faut-il mobiliser des millions d'euros pour alimenter une offre déjà surabondante de produits télévisuels alors que la population sous le seuil de pauvreté ne cesse de grossir ? Pas nécessairement, sauf si l'info est réellement une différence qualitative qui ferait la différence.
Les expériences d'info continu existantes n'incitent pas à sauter au plafond de joie.

Un flux ininterrompu qui égalise et ramène tout à une observation passive et sans aspérités du monde, voilà le fondement de l'info continu. Une série d'impulsions discontinues qui se rejoignent pour ne former qu'un seul impact en forme d'écran vide mais lumineux..
Le contraire du jugement, l'ode à la passivité, le refus de la réflexion par l'absence de recul et de débats réellement contradictoires, l'écrasement de la citoyenneté par l'occultation systématique de sujets sociaux – salaires, conditions de travail, retraites, paupérisation, institutions... - et le projecteur sur un petit groupe de personnalités choisies dans le pouvoir ou ses alliés.

Hiérarchie Paris-Match*. Avant tout, les chiens écrasés, les faits divers mis en scène et maximalisés sur le modèle Jackass, avec le côté drôlatique en moins.
Priorité au sensationnel, stars de tout bords, avantage permanent à celles et ceux qui sont les plus visibles
Priorité permanente aux flics, au sécuritaire, à la peur. L'antenne est constamment concentrée sur des sujets d'ordre policier, judiciaire et militaires, avec désignation de coupables - toujours dans les classes populaires ou dans les adversaires des pouvoirs - avec rappel, par l'image et le discours, à l'ordre et la consécutive culpabilité, assorti d'un dénigrement permanent des coupables surlignés.
Le monde de l'ordre, de la violence institutionnelle légitime, du chef et de l'obéissance aussi continue que nécessaire que fabriquent et imposent jour après jour ces médias est typiquement fasciste. Il est naturellement contraire à la démocratie la plus élémentaire, par la fabrication de minorités boucs émissaires permanentes, les fallacieuses explicitations qui sont alléguées et martelées, les valeurs en creux qui sont glorifiées : violence, victimisation et soumission.
Priorité à la servilité :
- on interroge toujours les pouvoirs, mais on ne critique jamais, ou à la marge, ce qu'ils ont dit ;
- on approuve et amplifie leurs priorités, leurs produits, leurs lois, leurs stigmatisations, leurs occultations à l'aide de pseudo-débats ;
- on met en scène des spécialistes, en général de qualité inférieure, dont les affiliations voire le financement n'est jamais mis au jour. Contamination ou préfiguration ? C'est en tous cas dans le service public d'information qu'on trouve l'exemple le plus achevé de ce qui fait modèle maintenant dans les chaines info continue du privé. Les émissions débat-info «C », dans l'air, politique, etc, ont lancé et concentré ces pratiques d'une info partiale, bas de gamme, de débats ignorant à la fois l'objectivité et les préoccupations sociales, citoyennes, pour se faire relaie aussi grossiers que serviles des pouvoirs. Sans jamais interroger naturellement les maître des lieux, les fil conducteurs au principe de l'auto-censure des « journalistes » ou invités présents en plateau, les propriétaires de multinationales comme Bolloré (I-Télé) ou Dassault (BFMTV).

Le pouvoir, avec l'autoritarisme et le mépris total non seulement des usagers qui financent et utilisent le service public, à propulsé, il y a quelques mois maintenant, une certaine Delphine Ernotte. Laquelle ne sort pas de nulle part, pareillement cooptée qu'elle fut en novembre 2013, membre du club Le Siècle, un mois avant Fleur Pellerin (ministre de la Culture) à la tête de la télé publique. Elle est absolument incompétente en matière de structures et de programmes télévisuels. Elle qui devrait porter les choix et l'expérience d'un défenseur du service public audio-visuel, a passé son temps a la création de valeur pour l'actionnaire et la défense de l'entreprise strictement privée. Mais elle a tout d'une patronne bon teint – menton et diktats butés la plus dommageable. Premier caprice téléguidé par le staff qui squatte l'Elysée et Matignon : créer une chaîne d'info continue.

Son objectif peut-il diverger radicalement des chaînes existantes ?
« L'enjeu est de passer d'une logique d'information continue à un objectif d'information permanente », précise Ernotte. Que celui qui dénichera la différence m'écrive.

Veut-elle réellement faire « une chaine de la compréhension »
Oui, mais en s'appuyant sur le projet « Info 2015 » concernant l'information sur France-Télévision. Lequel stipule qu'il faut « remplacer la "logique de rédaction par chaîne" [par] une logique "tous contenus sur tous supports". On est dans l'arrosage quantitatif, rien à voir avec le qualitatif et encore moins la compréhension. Ernotte a déclaré à propos du projet « Info 2015 », « je tiens à [le] poursuivre ».

La chaîne de compréhension continue disposera-t-elle des ressources nécessaires à passer de la com en plateau à la construction de savoir, à l'éducation populaire et l'investigation ?
« C'est à partir de ses ressources que France Télévisions doit innover ».
France Télévision, aujourd'hui, se caractérise par une baisse constante de qualité, une course aussi effrénée qu'imitative derrière TF1, une restriction des budgets reportages ou documentaires de fond, une compression du personnel effective et promise, plus grave : une série d'affaires soulignant la perte de repères déontologiques qui devraient être à la base de la chaîne d'info continue proposée,

A qui va-t-on faire croire qu'à moyens constants le « groupe » France-Télévisions d'Ernotte va pouvoir remonter la pente qu'il dévale et réaliser une chaîne d'info continue qui rompe avec une hiérarchie de connaissance et de compréhension détruite, une propagande permanente pour les hommes de la droite politique – UMP et PS – et de l'extrême-droite –, avec le sécuritaire et le fait divers glauque en prime time ? Si tenté qu'Ernotte est envie de le faire, ce que contredit toute son parcours et la culture qu'elle a acquis dans le privé.

Difficile de ne pas conclure que tout cela n'est encore qu'une opération d'enfumage supplémentaire pour lancer une troisième chaîne de propagande destinée à relancer un pouvoir rose en perdition dans l'opinion publique.
La vision sécuritaire, les valeurs fascisantes véhiculées cette « info » ne contrediraient qu'à la marge les valeurs du staff « de gauche » dont le mépris du peuple, l'autonomie institutionnelle, le tout-sécuritaire et le contrôle et la coercition volontiers violents de toute opposition sont devenus les axes de gouvernement.