• Transition nécrologique

     

    Le monde a basculé, il roule dans la nuit. Conscience diffuse qui irrigue les insomnies des populations mondiales. Dans notre Gaule, les pouvoirs retranchés dans leurs certitudes tapent joyeusement sur la tête de ceux qui crient au loup. Mieux, ils rajoutent des rails direction le précipice et des projecteurs pour le storytelling...

     

     

    Transition nécrologique

     

    Transition nécrologiquee monde, absurde tel qu'il nous apparaît, ne cesse de creuser son sillon dans cette tendance. Du moins pour ceux qui n'ont aucune prise sur lui, la quasi-totalité de la population, donc.

     

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    Le contexte angoissant, un costume naphtaliné nommé Le Maire (ministre de l'économie) s'est employé à l'alourdir encore ces derniers jours à coups de trique balancé sur la tête des gens, en vrai force de l'ordre économique ultra-libéral qu'il est. Il n'est pas forcément bien placé pour appeler à trimer, le petit Bruno. Depuis sa naissance jusqu'à son intronisation en politique – comme ceux de son ethnie, il n'a jamais levé le petit doigt – il montre qu'il a non pas une cuillère mais un vaisselier entier dans la bouche. Situation commune dans les allées de la Cour républicaine.

     

     

    En bas, on ne sait plus bien ce qu'on voit, ce qu'on entend ni ce qu'on attend. A peine sortie de la réclusion où les puissances archaïques l'avaient jetée, dans une liberté en trompe-l’œil, la population appauvrie, fragilisée, psychologiquement tétanisée par les perspectives effondrées de l'emploi et la limitation, la complication, les retards des aides promises, la population s'agite, se remet à vibrer, bientôt à ruer dans les brancards, pour se dégourdir et par instinct de conservation.

     

     

    Le grabataire élyséen tout à ses montres, ne voit ni n'entend autre chose que son immense vanité et le credo de tout haut fonctionnaire qui se respecte : TINA*. 

    Qu'importe, la colère couve. Deux mondes se dissocient sans doute définitivement.

     

     

     

     

    D'un côté, le groupuscule des parasites : la quasi-totalité de la classe politique et les 0,1% pour cent, auxquels on peut ajouter quelques rémoras – hauts fonctionnaires déjà repérés, cadres très sup, et le cercle des éditorialistes de la presse officielle, toute cette bave qui s'écoule en micros et stylos de la médiacrassie.

     

     

    De l'autre, le monde réel, celui qui a fait tenir les français pendant l'épidémie, révélatrice à bien des égards du cheminement beckettien qui gouverne notre monde. Les plus en danger, les plus atteints ont sauvé les autres, littéralement, tandis que la « France » au pouvoir se planquait. On constate une gradation éclairante dans la reprise d'activité : les boueux et les infirmiers n'ont jamais arrêté, tandis que les dentistes et les notaires et autres professions lucratives ne reprenaient qu'après deux mois et demi, trois mois loin de tout danger. Ceux qui s'enrichissent sur le travail des autres, ceux qui envoient la population se faire tuer dans les tranchées du Covid, ceux qui se goinfrent de véritables rentes parasitaires – actionnaires, banquiers, assureurs – toute cette faune, dont l'action est délétère et le comportement misérable, c'est elle qui juge, c'est elle qui impose, c'est elle qui refait l'Histoire avec le Monarque dans le rôle du héros.

     

     

     

     

     

     

     

    Deux exemples ces jours derniers, alors qu'on pensait les limites de la folie atteintes, manifestent une nouvelle crispation fasciste et un cran de plus dans le dogme TINA, alors que l'évidence d'une crise sanitaire doublée d'une crise économique en cours et d'une crise morale majeure traverse l'ensemble des peuples européens.

     

    Crispations fascistes de quelques éléments radicalisés, dans la police, qui manifestent pour garder l'étranglement - méthode sortie tout droit des pratiques de torture en Algérie française -, comme mode de traitement des protestations citoyennes. Ce que le gouvernement ne réprime pas et que les médias, bien sûr, relaient dans la commisération, la plainte pour ces pauvres flics privés de tous moyens...

     

     

    Dans le registre du dogme étrangleur, c'est encore TINA qui tient la corde.

    Black Rock, le plus grand instrument de ce qu'on appelait, avant le storytelling, l'usure, reçoit de la commission européenne tout pouvoir pour tirer à bout portant sur l'avenir. Black Rock, fond de prêt basé sur un algorithme surpuissant nommé Aladin. Black Rock, le plus lourd des fonds, considère la réalité comme un risque financier qu'il faut à tout prix maîtriser. Les seuls acteurs crédibles aux yeux des intégristes de Black Rock sont donc les politiques ultra-conservateurs et les hommes et sociétés détenteurs de milliards d'euros. Malgré le storytelling qu'il développe sur un changement de sa pratique.

    Autant que dire que les risques et les paris qu'exigent l’époque, comme le rejet vital du système capitaliste, vecteur des problèmes fondamentaux de la planète, n'ont strictement aucune chance avec Black Rock.

     

     

     

     

     

     

     

     

    Un monde se resserre, se durcit pour conserver avant tout le pouvoir et consolider le système qui fonde ce pouvoir, qui nourrit à la fois les dominants, appauvrit les dominés et garantit que les seconds ne pourront pas s'opposer de manière forte et victorieuse au statu quo.

     

    Tandis que les sociétés européenne et états-unienne demeurent bloquées par l’obsession du profit, autre nom de TINA, frappe en Chine un nouveau Covid. On attend les propos lénifiants des médiacrates et politiciens postés sur les lignes Maginot contemporaines. Mais dès que la nouvelle aura traversé les masses, ces mêmes masses dessillées refuseront les nouveaux confinements et l'effondrement d'économies déjà en limite de résistance – l'UE, et c'est à peu près la seule décision collective qu'elle a prise, a financé au taquet la reprise économique, en clair les banques.

     

     

     

     

     

     

     

     

    Ô miracle, nous retrouvons là les paramètres de ce que Pablo Servigne ou Yves Cochet appelle collapsologie, ou science de l'Effondrement imminent de nos sociétés. Sociétés laminées par une triple crise, sociétale - politique et morale -, économique et écologique, que nous affrontons les mains liées par ceux-là même qui ont les moyens de nous en sortir.

     

    Nous sommes dans la 25ème heure. Le temps du capitalisme « durable » est achevé. D'autant qu'il s'est lui-même enterré, qu'il a lui-même administré toutes les preuves qu'il génère son poison et détruit les antidotes possibles par la marchandisation obstinée des lambeaux d'un système à bout. Ses piliers – l'emploi, la croissance et la richesse des peuples – s'effondrent au terme d'une longue agonie qui entraîne la démocratie par le fond.

     

     

    L'heure n'est plus à écouter les fables sur la transition « durable » et autres débilités de commissaires européens dévoyés, mais à sauver des vies humaines massivement frappées par un virus qui se recompose bien trop vite pour nous permettre d'élaborer un vaccin et s'éveille déjà, de nouveau en Chine. Au Brésil, en Afrique et ailleurs, c'est encore le Covid version 19 qui continue à frapper massivement les populations. Et dès que le virus a terminé, l'économie prend la hache. Et dès que l'économie a terminé, les politiques étranglent les restants avec TINA.

     

    L'heure n'est plus à une concorde morale planétaire, une coexistence pacifique retrouvée. Les politiques ne changent pas, au contraire empirent. On se vole d’État à État les instruments de la survie, on laisse mourir en masse pour protéger les profits, on n'a plus d'emploi à offrir pour avoir laissé depuis trop longtemps toute liberté aux multinationales dont la raison d'être est de supprimer des postes, des emplois pour les profits d'une poignée.

     

    Le monde « occidental » - capitalisme plus valeurs verticales et morale du "surhomme" – est au bout, et sans aucune intention, ou presque, de revenir en arrière ou de muter. Dans son dos, la planète quasiment effondrée. Le substrat matériel et vivant dans lequel puisaient la techno-science capitaliste est quasiment mort.

     

    Pas besoin de tirer les cartes, ou de regarder dans une boule de cristal pour comprendre que viendront fatalement les révoltes sans espoir, les répressions aveugles, les guerres comme sombre respiration d'un capitalisme mort-vivant mais acharné par nature à nous entraîner dans sa spirale auto-destructrice.

     

     

     

     

     

    * TINA : There Is No Alternative, « Il n'y a pas d'autre choix » ou « Il n'y a pas d'alternative », slogan popularisé par la meilleure ami de Pinochet, Maggie Thatcher, qui fut premier ministre d'Angleterre et developpa la première mouture de l'ultra-libéralisme qu'aujourd'hui Macron reprend, avec autant d'intransigeance et d’aveuglement. Ce TINA signifie que ses croyants sont persuadés et agissent pour qu'il n'y ait aucune alternive possible aux règles de base du diktat ultra-libéral : rigueur salariale, primauté des Marchés et paiement des dettes.

     


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