• TF1, ou l'enfer promis à Mélenchon

     

    'tention, 'tention, débat démocratique ce 20 Janvier 2017 en soirée, sur TF1, "la chaîne de la pensée positive"... Venez nombreux, bader devant le poste !... Évidemment, la télé de maçon appelle ça un débat. Mais pour qu'il y ait véritablement débat démocratique ne faut-il pas mettre ensemble tous les participants et toutes les idées ? L'option choisie par la multinationale TF1 évolue plutôt entre la pensée unique et le traquenard...

     

     MAJ    Le jour d'après

     

    (en bas de page)

     

     Que reste-t-il d'encore intact da la politique, après l'extinction des lumières ? Qu'a retenu M.Tout-le-Monde pour choisir lucidement un programme, un candidat ?...

     

     

     

    TF1, ou l'enfer promis à Mélenchon

     

    TF1, ou l'enfer promis à Mélenchone plus en plus, les élections nationales et locales doivent passer par le filtre hyperréaliste des médias. Elles s'en trouvent implacablement altérées, grossièrement faussées.

     

    Ainsi le débat de ce soir sur la multinationale aux mains de Bouygues.

     

     

    Citoyenneté zéro

     

    Première évidence, le citoyen sera absent. Comme d'habitude, sauf qu'une volonté d'être entendu émerge comme jamais dans le pays. Mais Monsieur-tout-le-monde n'est pas bien vu sur les plateaux, mal habillé qu'il est, peu glamour au regard des gravures de mode de la chaîne du BTP. En plus il pose des questions stupides sur le pouvoir d'achat, la fortune des élus, les paradis fiscaux, etc. Exit le citoyen, vive les animateurs qui font là où le leur impose la direction, elle-même empressée de servir l'idéologie des multinationales où elle tient une place sinon honorable, du moins confortable.

     

     

     

    Pensée économique commune

     

    On ne peut soutenir longtemps que François Fillon, Marine Le Pen et Emmanuel Macron se « feront face », comme l'explique le quotidien Le Monde, lui aussi aux mains de patrons de multinationales. Ils partagent la même vision économique néo-libérale.

     

    Pour ceux qui s'illusionnerait sur la préposée au renversement du système, Marine Le Pen, constatez qu'elle veut quitter l'UE, certes, mais pour faire du capitalisme à la maison. Les salariés qui s'attendent à être bercés dès juin 2017 méditeront sur le fait qu'elle a toujours critiqué les manifestations contre la Loi Travail, toujours dénigré les syndicats, affirmé qu'elle n'a jamais promis d’augmenter le SMIC une fois au pouvoir et soutenu entièrement la police dans ses incessantes revendications pour obtenir le droit de tirer sans sommations, des effectifs encore plus massif, ainsi que l'impunité pour se livrer à des actes qui relèvent de l'esprit colonial. Les futurs révoltés sauront à quoi s'attendre.

     

    Macron et Fillon sont deux facettes d'une même UE. L'un, Fillon, est à fond pour le capitalisme multinational, la loi d'airain du Marché qui doit écraser toutes les solidarités subsistantes, appelés à tort « service public » et qu'un ancien ministre à eu le bonheur de qualifier d' »assistanat ». Il ferait beau voir que le châtelain richement vêtu morde la main qui l'a gavé depuis le début de sa carrière.

     

    Macron prend la gestion spéculative, égoïste, opaque et volontiers maffieuse des banques – ce sont les banques qui sont les plus massivement investie en paradis fiscal, avec des sommes dont on ne peut, on ne veut pas livrer la provenance – pour sa « grammaire », il l'a affirmé. Effectivement, c'est là, dans ce capitalisme fou furieux qui place les pays sous la bombe à retardement d'un nouveau 2008, que cet enfant de l'instruction publique a appris ce comportement prédateur insouciant qu'il voudrait transposer dans l’État, le pays tout entier.

     

     

     

    Hamon n'a jamais voulu sortir de l'UE, encore moins du capitalisme. La mesurette unique qu'il ambitionnait pour freiner le capital, le Revenu Universel, est dégonflée, rendue à n'être qu'une misérable obole pour quelques jeunes méritants au bord de la malnutrition. Ses autres intentions décousues s'engagent à replâtrer le système qui nous mène à l’abîme.

     

    Hamon c'est la version « d'jeun's », l'image rock-and-roll du socialisme initial, cet élan de dame patronnesse qui voudraient émousser les dents de Hannibal Lecter, ou lui demander de nettoyer ses scènes de crime avant de partir. D'autant que Hamon peut faire confiance à tous les Vallsiens adeptes de l'entrisme pour polluer son message et sa cohésion militante. D'autant qu'il peut également compter sur la cohorte des traîtres révélés – Bartolone, Caresche, Delanoe, Collomb et bien d'autres socialistes de gamelle et de bonneteau – pour lui contester la stature, dénigrer sa timide inflexion à gauche et se répandre dans les médias sur le péril socialo-communiste, l'aventure gauchiste et autres discours tout droit sortis du rance tiroir de patrons de forges.

     

    TF1a donc concocté une confrontation entre quatre personnes quasiment d'accord sur le fond, sur l'essentiel : ne pas toucher au système, ne pas desserrer l'étau sur les pauvres et tous ceux que ces « responsables » considèrent comme poids mort : le fonctionnaire, le malade, le chômeur, l'handicapé.

     

     

     

     

    Reste un homme de gauche. Un politicien d’expérience mais honnête financièrement et c'est déjà énorme par rapport à Fillon, Macron et Le Pen, tous compromis. Sinon les médias se seraient empressées de l'exécuter. Mélenchon a un programme, certes pas parfait, mais qui a été examiné, amendé largement et validé par des milliers de contributeurs. Ce qui n'est pas rien, quand on sait que les Macron, Fillon, Le Pen et même Hamon ne laissent à personne, surtout pas à des citoyens désintéressés, le soin de mettre en programme leur servitude promise.

     

    Un participant pour défendre des idées, défendre le peuple français contre trois et demi adversaires. Le débat sur TFI n'est pas fait pour confronter idées et programmes, à l'évidence. Il doit anéantir le candidat qui tente de s'attaquer au système, à la racine du mal, cette France moisie de marionnettes des multinationales que sont les candidats de l'Argent, d'une micro-société complètement alien et décidée à nous détruire.

     

     

     

    Débat censitaire

     

     

    Grace à TF1, entre autres, la France avance en reculant vers le XIXème et sa prédation sauvage dans la barbarie coloniale. On ne se pose pas de questions dans la chaîne dirigée par des prédateurs qui adorent se goinfrer de « temps de cerveaux » et nous balancer du programme US flic frelaté mais acheté à bas prix.

     

    La meilleure façon de réduire la confrontation d'idées et de programmes à un monologue qui déroulera le tapis pour les multinationales et son bras armé l'UE, c'est réduire les divergences, isoler la résistance intellectuelle à un contre quatre. Bon, ça c'est fait.

     

     

     

    Deuxième méthode, appelée « pluralisme », c'est tout simplement fermer le poste, fermer la visibilité à tout un tas d'idées et de programmes différents. Exit le NPA, LO, le PT et autres candidatures porteuses d'idées et de révoltes. Même si elles n'ont pas les parrainges, pour certaines, il aurait été moralement et idéologiquement juste de laisser au débat toute son ampleur. Mais non, c'est bien trop pour la machine autoritaire du Marché.

     

    La première leçon, la première valeur de la démocratie, pourtant, c'est que toutes les idées a priori sont bonnes, tant qu'elles n'ont pas subi la confrontation, la critique d'autres idées, d'autres programmes.

     

    Dans la France néo-fasciste que nous lègue H. le fantôme de l’Élysée, il y a certaines idées qu'il ne faut pas présenter car on ne doit pas les avoir. Vous n'êtes pas assez adulte pour discuter en liberté, et surtout de manière égalitaire. C'est à peu près tout le discours que l'aimable Valls et ses compères Cazeneuve, Ayrault ont tenu pendant tout le quinquennat, semant diktat sur diktat, plantant les bases d'un pouvoir totalitaire, donnant l'exemple d'un pouvoir dictatorial à coup de 49.3 et de maréchaussée déchaînée sur les plus misérables dans notre pays, les jeunes, les pas blancs et les pauvres. Résultat, chacun sait quels sont les sujets, les personnes et les pays qu'il faut soutenir, saluer inconditionnellement, et ce dont il ne faut pas faire état, encore moins discuter.
    La France est devenu un grand pays de censure où règne la peur de tous et de chacun. A quand une commission maccarthyste pour juger et emprisonner les déviants ? A moins qu'elle ne soit déjà en place de manière informelle.

     

    Mais dans cette ambiance jugulaire-jugulaire, prenant le contre-pied de leurs propres appels à la rectitude morale, les Vallsiens à peine battus, s'empressent de retourner leur veste, courir à la gamelle, sous les jupes du patronat incarné par le Rubempré contemporain, Macron, crâne d’œuf sans expérience de rien d'important dans le pays, si ce n'est de la rapacité bancaire.

     

    Évidemment, on sait que le CSA de Shrameck, celui qui permet à un affairiste glauque de vendre une chaîne qu'il n'a même pas acheté, ce cabinet Conseil en gestion maquignonne ne fera rien pour prévenir le faux débat, voire sanctionner TF1 et imposer une qualité aux débats public, comme au reste d'ailleurs.

     

     

     

    Mais peut-être le dispositif pour couler Mélenchon se retournera contre ses concepteurs, tant il apparaît grossier, antédiluvien, encore pire que la « télé d’État » qu'était déjà TF1, au temps où le politique, en l’occurrence De Gaulle, faisait des discours dont on pouvait penser le plus grand mal, ou du bien, sans qu'une armée de courtisans vous disent quoi penser et comment continuer à servir ceux qui nous écrasent.

     

     

    MAJ

     

    J'ai dû regarder la moitié du "débat", début et fin.

     

    Deux choses m'ont frappé.

    Premièrement, cette sorte de rencontre grandiloquente est tout à fait dans l'esprit UE, dans l'esprit capitaliste. Elle repose sur la concurrence et la compétitivité des egos.
    Tout est fait sur TF1 pour mettre en avant cette dimension. Dès la première minute, dès la première question. "Quelle sorte de président serez-vous ?". Axe personnalisation. Tout à fait à rebours de l'époque du sentiment qui traverse la société. Sentiment que les égos gonflés à l'hélium conduisent à l'excès personnel, par exemple chez Fillon et son sentiment d'impunité tout droit sorti de sa classe sociale et de son ego explosé par des années de visibilité médiatique, de journalistes ramenant toute son action à sa petite personne.
    Un président a pour mission d'être un représentant central, et surtout le porteur d'un programme. TF1, d'emblée, a faussé la règle démocratique pour lui substituer l'addiction marchande répété à l'infini depuis des décennies, l'homme providentiel et glamour, l'exact pendant de la femme pour la pub.

    De ce point de vue-là, il apparaît une corrélation forte entre culte de la personnalité et idéologie marchande. Culte de la personnalité accompagnant les régimes autoritaires puis dictatoriaux, qu'ils soient de Marché ou dits communistes - voir le culte de la personnalité ayant accompagné Mao ou Staline.

     

    La suite a vu les protagonistes tenter de s'exprimer dans le tunnel des questions stupides balancées par les trois préposés à l’équarrissage. Toujours des questions générales. "Qu'allez-vous faire pour le pouvoir d'achat ?". Comme si le pourvoir d'achat n'était pas incommensurablement différent entre Martin Bouygues et Mme Michu des quartiers nord de Marseille. Preuve que la sociologie la plus élémentaire ne peut pénétrer dans les corridors mentaux d'un(e) journaliste de la Une. Ce qui, évidemment tient aussi fait que le temps est compté - littéralement, puisque le sordide staff de la chaîne du multimilliardaire Bouygues n'a pu s'empêcher de balancer un interminable tunnel pub (et peut-être plusieurs, puisque je n'ai pas tout suivi)- et donc le candidat ne peut qu’argumenter de grandes lignes, sans jamais entrer dans la subtilité de ses solutions.

     

    Surtout sans jamais pouvoir montrer la cohérence de fond, l'articulation structurelle fine d'un programme. Pour ceux qui en ont un, comme Jean-Luc Mélenchon, et qui le possèdent complètement, contrairement à ceux, comme Fillon, qui font fabriquer la chose par ses protecteurs et fournisseurs patronaux.

    À TF1 on prend les gens pour des âne, c'est une donnée du système.

     

    Alors se affronté les images des candidats, les auras que tisse la lumière des projecteurs couplés au plans sans cesse en mouvement des cameramen. Concurrence d'image. A ce jeu, la gravure de mode Fillon a une longueur d'avance, d'autant qu'il est grand, mince et pose sur la caméra un regard plein d'amour pour lui-même.
    Mais le jeune Macron à la mèche émoustillé, canine luisante et verbe excité lui dispute le leadership. La compétition fait rage pour capter la parole, distribuée avec hauteur et parcimonie par les préposés à la compétition.

    Mon Dieu que ça marche bien, les joueurs se coupent, se contredisent,  bientôt une sortie de route peut-être. On ne comprend rien de définitif, rien n'est développé, mais c'est le but du jeu de TFI. C'est vif, c'est creux, ça se mange sans fin.

     

     

    Quand on ne s'y retrouve pas ou peu pour ce qui est de la compréhension, on se raccroche à ce qu'on a sous les yeux. Les expressions, les sentiments apparents, les rides  ou pas, le sourire pipole d'une des présentatrices. Au niveau des mots on garde ce qu'on connaît puisque le reste est sinon indistinct, du moins vague parce qu'inachevé.

    A ce jeu, c'est l'économie de Marché, air si bien connu, si bien engrammé par les esprits et les corps, qui vient servir de ritournelle rassurante. On reconnaît les yeux fermés le corridor de la "raison" qu'emprunte M. Fillon si propre sur lui, pour nous vanter la pondération que nous appliquerons pour lui, loin des aventuriers socialo-communistes. D'ailleurs, Mélenchon est en noir, c'est d'un triste par rapport aux jolis costumes de Fillon, Macron et Hamon, si je me souviens bien.

     

    La politique, majoritairement c'est l'effet général que produit ce genre de mécanique télévisuelle. Laquelle n'est que le point le plus avancé, l'exemple pour l'ensemble des médias.

    Les "journalistes" dominent. Ils sont maîtres du temps et des questions. Ils imposent une structure d'émission qui dessert les candidatas à programmes, qui fait de la politique quelque chose de proche du show MMA. Les figures en compétition s'égratignent, se dénigrent, se tancent, se dévisagent. S'affrontent donc, loin des idées. Tout est dans le corps, la voix, la posture. Leurs images se font concurrence.

    De toute façon, ils n'ont pas le temps de répondre que par des slogans. Tiens, voilà la pub. D'ailleurs, la voilà qui coupe le présidentiel débat pour s'occuper des cerveaux échauffées par l'infotainment.

     

    La politique, la citoyenneté pourrait être développées par une télévision assumant le rôle d'éducation populaire - que les chartes, conventions et autres engagements l'obligent à assumer pour partie - qui aiderait réellement les gens à choisir les lignes d'un programme et les axes développés par un candidat.

    Non, la politique se désagrège en dérisoires paillettes sous l'oeil indifférent et sans doute complice du CSA. Et nous continuons à payer une redevance pour un, des médias qui contribuent au pourrissement généralisé de la démocratie.

     

     

     

     


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