Une performance est un événement singulier, en soi. Mais pas tant que ça. Elle s'inscrit dans un contexte artistique et ponctue une exposition de plasticiens liés à l'art contemporain. Ce cadre pouvant être une limite et/ou une attente. Quelque chose s'est passé, j'essaie de retranscrire ce qui laisse pas mal de trous et de blancs dans mes pensées/sensations. Peut-être est-ce le but ?

imanche après-midi, j'ai assisté à une performance. C'était la deuxième fois que ça m'arrivait. La première se déroulait à Beaubourg, je crois bien, à l'époque où je vivais en région parisienne. Là, nous étions une vingtaine dans la belle Chapelle du haut, à Sète. La performance ponctuait l'exposition de Latelier, galerie d'art associative dévouée à l'art contemporain, accueillie à la Chapelle pour quelques semaines. Auteur : Julien Bouissou, un artiste qui n'en est pas à sa première performance.

Le déroulé fut extrêmement simple, et je ne crois pas avoir raté grand-chose en arrivant un peu en retard, rien en tous cas concernant l'expérience concrète.

A peu près dans le tiers le plus proche de l'entrée était planté un panneau blanc d'environ trois mètres de haut sur cinq de large, perpendiculaire aux murs latéraux et à distance égale de chacun.

L'artiste performeur, se tenait devant le panneau, dos au public. Ses mains étaient couvertes jusqu'au poignet d'une substance noirâtre. Les spectateurs observaient un silence imposé, relayé par la personne à l'accueil. Une trentaine de personne, pour un dimanche où il faisait froid, c'était plutôt bien.

L'artiste s'approcha de la toile, suçota longuement un de ses doigts, parfois le poignet ou la paume et se pencha pour donner un long coup de langue sur le fond blanc. Et recommença, encore et encore. Œuvrant de bas en haut, il traçait à peu près une cinquantaine de traits verticaux d'inégale longueur et de la largeur d'une langue posée sur un mur. Le public composé en grande partie de couples, avec ou sans enfants, suivaient avec une attention évidente.

Un quart d'heure, à peu près, s'écoula. Quand le bas du mur fut intégralement occupé par les traits, l'artiste recula un peu plus et, sous les bravos du public, prit son élan pour courir hors de l'espace « scénique », vers l'accueil.

Il revint les bras nettoyés pour partager avec son public autour d'un verre.

Voir cette performance m'a irrésistiblement conduit à me documenter.

J'ai ainsi appris par le plus proche dico, Wikipedia l'indispensable, que « la performance (art) est une action artistique comportementale entreprise par un (ou des) artiste(s), face à un public. », qu'elle est également « par essence, un art éphémère qui laisse peu d'objets derrière lui. », que « le corps, le temps et l'espace constituent généralement les matériaux de base d'une « performance ». Et que « l'art performance, pratique « intermedia », au sens de ce terme donné par Dick Higgins, peut trouver son origine dans tous les secteurs de l'art dont elle brouille les frontières et mixe les catégories ».

La liste des performeu(se)rs les plus connu(e)s recense surtout des artistes et des musiciens. Yoko Ono, Flexus, Ben, Nikki de St Phalle, John Cage...

La bibliographie produite dans la page Wikipedia est abondante.

Ceci dit, le sentiment d'altérité ne s'efface pas, ni celui de charnelle fragilité, quand je repense à cette performance. Pas plus que le regret devant l'absence de toute beauté et l'irritation devant cette performance, singularité distante de l'expo, de l'art en général. Performance réussi ?...