A la force de ses machines, l'homme est parvenu à se faire sa petite niche à lui dans les immenses ères géologiques. A peine installé, il fait tant de bruit et bouscule tout avec tant de fureur qu'il va s'effacer bientôt lui-même de l'Anthropocène.

Inventaire poétique de ce qui va disparaître juste avant lui...Aujourd'hui, le papier. 

22 poèmes pour un Anthropocène étalé sur 220 années, ou à peu près. 

rgile appelle stylet qui fait signe

fer exige poinçon pour devenir messager

s'imposent génération après génération se posent les mémoires

l'homme instable fixe d'intemporelles aquarelles

après la bouffissure volète le papier au nez des mouettes ensemençant les airs

l'homme boucle ses permanentes valises

lisse ses cascades d'impondérables sur papier jetable

l'homme de papier va vite

l'homme de papier court après ses listes

l'homme de papier se rappelle d'oublier

l'homme de papier explore de blanches feuilles sans visage

papier poreux pulpeux et mou et doux

pixel nuageux liquoreux et flou et vaudou

finis les appels solennels finis les messages de marbre

génération dégénération involution disparition

espace plombé connecte humanoïdes dissipations

substituts a bile

mouvants éclatants aveuglants évanescents

la Terre et le Feu s'effacent derrière le miroir

papier rejoint noire matrice