• Macron et autres discours de rupture II

     

    Un coup d'oeil plus "linguistique" sur le discours de Marcon. Les mots les plus employés révèlent combien les valeurs et la posture d'E. Macron sont étrangères à ce que vivent les français, la République. Combien sa langue d'une distinguée violence, annonce la brutalité des corps de police transformés en milices de répression.

     

     

    Macron et autres discours de rupture II

    Macron et autres discours de rupture IIetour sur le discours d'Emmanuel Macron, avec l'aide d'un analyseur de textes qui permet, au-delà de la critique plutôt sociologique portée dans l'article précédent, de compléter mon regard sur la substance linguistique de ce que nous a livré le Président, le 25 avril 2019.

     

     

     

    Analyse, donc, avec Textalyser, dont je rapporte quelques éléments.

     

    (tt le discours sauf questions – site Elysée - ) :

     

    • lisibilité* (6-facile 20-difficile) : 13,5  (également classé en lisibilité « difficile » par Translated Labs) ;

     

    • plus longue phrase ( nombre de mots) 129 ;

    • nombre moyen de mots/phrase : 27.8 mots ;

    • indice lisibilité** : (100-facile 20-difficile, optimal 60-70) : 35,3

    • expressions de 3 mots ls + fréquentes  (autre que mots de liaison, adverbes, adj... ) : « de nos concitoyens », « de la république » ;

    • expressions de 2 mots ls + fréquentes  (autre que mots de liaison, adverbes, adj... ) : « nous devons », « je crois » ;

    • mots les – utilisés : « démocraties » (2fois), « peuple » (2 fois), « élites » (2fois) ;

    • mots les + utilisés : « concitoyens », « république » ;

    • (catégorie rajoutée par moi) mots absents : « pauvre », « misère », « privations », « riches »,  «exploités », « démunis », « SDF » , « minimas sociaux », « fin de mois », « taxes », « loyer », « salaire », « insuffisant », « misérable ».

     

     

     

    Les éléments fournis pas l'analyseur de texte parlent d'eux-mêmes. Ils répliquent de manière « mathématique » les éléments déjà pointés dans l'article précédent. Macron parle une langue qui n'est pas accessible au plus grand nombre. Une langue dont les failles citoyennes apparaissent plus évidentes sous une focale plus serrée.

     

     

     

    E. Macron fait quasiment l'impasse sur les points qui sont aujourd'hui brûlants : la démocratie, le peuple et les élites.

     

    Il utilise des formules qui semblent démocratiques, mais qui, en réalité, ne le sont pas. « Nos concitoyens ». La formule est introduite par un adjectif possessif. On comprend implicitement que Macron, et les hommes de pouvoir qui l'accompagnent, possèdent les « concitoyens ».
    Le mot « Concitoyens » permet d'éteindre la puissance égalitaire présente dans le simple « citoyen». Les révolutionnaires de 89 l'avaient bien compris, qui s'appelaient d'abord "citoyen" avant de décliner leur patronyme ou fonction, marquant ainsi leur pouvoir égal, leur égale force de décision politique. « Con » signifie « avec », « ensemble ». Cette propriété est parfaitement indéfinie, en l’occurrence. C'est un « ensemble » vide qui diffuse, dilue les devoirs, et surtout les droits du citoyen que chacun des nous est pleinement, en République. Macron s'insinue par là dans ce collectif indéfini. Il se présente comme un parmi nous tous. Alors que toute sa personne, drapée dans des vêtements de prix, sa diction très maîtrisée, son vocabulaire très soutenu, ses décisions qui ne supportent d'incertitude, de conditionnel, montrent qu'il veut absolument régner, à l'opposé de l'égalité citoyenne.

     

     

     

    A noter également que, dans les expressions les plus fréquentes qu'il emploie, reviennent « nous devons » et « je crois ».
    Peut-être apparaît ici le mieux la dynamique du pouvoir macronien. Le président croit, estime la valeur, la nécessité de certaines orientations, se permet de balancer et de choisir ses décisions. Nous, ses « concitoyens » devons nous y soumettre, les mettre en œuvre. Il est bien clair que le « nous » de « nous devons » est tout à fait artificiel. E. Macron est seul à décider pour la Nation. Désignation abstraite qu'il emploie autant que « République », sans doute parce qu'elle renvoie à un corps (pays) qui est antérieur aux principes de la République, qui ne contient aucun « citoyen ».
    Cela fait parfaitement écho avec le fait que E. Macron est celui qui décide pour une entité abstraite, la Nation. Pour la Nation, il lance les politiques mais il ne les éprouve jamais. Jamais il ne supporte leurs poids dans sa vie quotidienne, endure les dégâts qu'elles provoquent sans cesse, de plus en plus violemment.
    Emmanuel Macron vit sa transcendance, depuis 2017, dans la parfaite continuité d'un pouvoir royal au sommet de la « fille aînée de l’Église*** »

     

     

     

    Un creux, un vide immense apparaît, finalement. Des mots sont absents et je me suis permis d'en ajouter quelques-uns à la suite de l'analyse textuelle. Ils dessinent, désignent une population, ceux qui n'en peuvent plus, que le bulldozer économique écrase, que la raréfaction du social asphyxie.
    Le président n'emploie jamais ces mots qui pourtant diraient clairement la réalité qu'endurent les français. Qui pourra s'en étonner, n'aura pas écouté E. Macron, ni subi les politiques de démembrement qu'il projette avec ses nobliaux, sans compter l'appui de tout le corps provincial des élus, des notables, de toute cette représentation qui n'en est pas une, basée qu'elle est sur la verticalité et l'impunité.

     

    C'est tout un ensemble d'institutions et de dispositifs sociaux que les français veulent conserver. Il en va de leur survie comme personnes et de leur dignité comme citoyens qu'Emmanuel Macron écrase, détruit sans y prendre garde. De la même manière que les rois successifs affamaient les français sans y prendre garde, et proposaient ensuite « qu'on leur donne de la brioche », alors qu'il n'y avait même plus de pain depuis longtemps.
    Un propos insupportablement détaché, d'une criminelle insouciance, comme les politiques plus ou moins structurelles, imposées par E. Macron et, dans une moindre mesure, ses prédécesseurs dans un pays qui s'appauvrit, implose.
    Ce qu'ont parfaitement saisi les Gilets Jaunes et ce qui explique l'incroyable violence de la répression que mène J. Castaner, l'homme de main du président.

     

     

    *La lisibilité est la capacité qu'offre un texte à être lu rapidement, compris aisément et bien mémorisé.

     

    **L’indice de lisibilité est obtenu après avoir évalué la longueur des phrases, la longueur des mots et leur complexité.

     

    *** Le Pape, en 1980, qualifia ainsi notre pays. Les instances catholiques croient que depuis Clovis, premier roi barbare baptisé chrétien, les rois successifs ont construit et unifié notre pays autour de la défense de la religion catholique. C'est une sorte de dogme partagé par la plupart des mouvements d'extrême-droite qui, bien sûr, ne reconnaissent pas la République, ou, s'ils s'y résolvent, tentent par tous les moyens de subvertir et démolir ce qui est d'essence laïque, les valeurs, les services publics, l’éducation...

     


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