• Le memento mori de France 2 sur le pont de l'UE

    Après les élections européennes, soirée France 2 commentaire. J'ai suivi le rituel, j'ai compté les fleurs, les couronnes et écouté les  prêches. Quelque chose est mort là, sur la scène et en Europe. Tous les coupables étaient dans le casting. 

     

    ans une sorte de saisissement presque masochiste, j'ai suivi la "soiréeélectorale UE" concoctée par France 2. Véritable Alex*, les yeux wide open, forcés sur ce nouvel épisode de l'enlisement politico-institutionnel de l'UE, j'ai noté avec un soin maniaque l'apparition des fleurs, des couronnes et des officiants, sans oublier les prêches de ce mementori mori pour l'UE.

    Toujours les mêmes outres arrogantes, les mêmes recettes pour nous manipuler, les mêmes sujets oubliés (abstention, pouvoir d'achat, UE totalitaire), toujours les mêmes journalistes du cercle de la raison raisonnable - Pujadas, et Delahousse toujours surpayés -, toujours la même propagande.

    Pas un seul invité de gauche sur une dizaine de ripailleurs, à part P. Laurent du PCF. On ne lui donnera pas la parole que quand il atteindra la dizaine de minutes de silence. On ne lui posera pas la moindre question, comme s'il s'agissait d'obtenir un peu de bruit de sa bouche vu que la cervelle il n'en a point. Le mépris manifesté contre lui fut aussi massif que calculé, absolument et tranquillement évident.

    Surreprésentation de l'UMP, dont Dati – le service des riches en livrée haute-couture - et Guaino, où comment passer de la planification au service d'un monarchiste qui a voulu dissoudre la France dans le libre-échange mondial célébré et asséné par le belliciste Bush, depuis le trône l'Amérique impériale.

    La soirée France 2 imita l'UE avec une obstinée conviction. On agite les mêmes vieilles carnes, celles qui nous ont conduit sous le feu de la mondialisation, celles qui on fait de la France un pays où l’ascenseur social est cassé, un pays qui s'enfonce dans la misère et où l'on se déteste et se déchire grâce à l'action conjuguée et alternée de ces roses et bleus (bientôt marine) qui se taillent des lois ad hoc et des décrets sur mesure pour s'enrichir et enrichir leurs copains tous azimuts du moment qu'ils ne sont pas pauvres, de gauche ou dépourvus d'entregent.

    On prend les mêmes animateurs surpayés - Pujadas qui a avoué il y a déjà trois ans, à l'antenne, qu'il gagnait plus de 30000€/mois; Delahousse même place, même traitement sans nul doute - qui n'abordent pas un seul instant les causes évidentes et brûlantes de cette mort annoncée de l'UE comme outil démocratique convivial, si ce n'est en faisant grommeler les dinosaures présents qui se gardent bien de creuser dans la plaie et enfilent les généralités à une cadence qui sidère et effraie.

    Les deux compères n'écoutent pas, de toute façon. Ils ont mieux à faire, ils ont à terminer un plan de com politique, repeindre le cercueil pour que la puanteur ne soit pas trop sensible quelques semaines, quelques mois encore, toujours ça de gagné.
    Ils s'en tiennent par conviction, et par consignes sans doute, à leurs calculs boutiquiers des voix, leur interminable ode aux personnalités, avec rappel d'antenne toutes les trente secondes pour entendre tel ou tel archaïque reconverti UE. Bayrou, Fillon, Copé, toute cette gloriole sentencieuse et morte sur pied, qui oublie volontiers qu'elle s'est avant tout servie et a servi le patronat dont les fortunes des plus agressifs, arrogants et totalitaires défient l'imagination.
    Ces marionnettes ravies viennent témoigner que la langue comme moteur de l'avenir, de la communauté, de la fragile humanité qui avance malgré tout, est morte. Dans cette mausolée de pixels, Le Pen avance avec des airs de jeunes filles. Sous le lifting, elle est blanchie depuis longtemps et rouée comme ces congénères séniles pour souffler dans la flûte qui appelle au précipice.

    Les clones des deux journalistes en carton-pâte nous avait déjà servi la semaine précédente une mauvaise farce avec le pendant UE de la clownerie politique française. On avait découvert, dans une ambiance Loft, les prétendants vermoulus au règne sur l' équivalent civil de l'OTAN. Postures monarchiques - moi, président de l'UE - recettes néo-ultra-libérales bien propres à dévaster un peu plus les peuples, et cette soumission permanente à l'ami US, celui pour qui le projet européen n'est qu'un avant-poste, une ambassade du complexe militaro-industriels dont le tableau de chasse comprend un nombre de pays dévastés tout à fait impressionnant. Tout ce que nous ont proposé ces roitelets, c'est de faire plus et mieux dans la soumission, dans l'étripage systématique et constant des uns par les autres, pour la cruauté enfin sans entraves des entités US, qui n'auront même plus craindre quelle tremblante velléité de politique publique, grâce à l'accord des accords de protectorat, TAFTA.

    Pendant le naufrage, on continue à percer des trous dans la coque. Il y a plus que de l'aveuglement, semble-t-il. Tout se passe comme si les institutions politiques démocratiques et leurs représentants n'avaient de cesse de se discréditer chaque jour un peu plus. Il faudrait peut-être se demander qui exige de tous les compartiments une telle obstination à couler et s'il existe quelque part des gens et des projets pour remplacer ce que nos esprits nostalgiques appellent encore démocratie. Non, rayez cette dernière phrase, c'est du complotisme pur jus.

     

    *Héros de Orange mécanique, chef-d’œuvre de Stanley Kubrick

     


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