• Insertitudes II

     

    Je n'affirme pas, je ne prétends rien. Certains bâtissent des univers, tirent des avenirs, modèle le Phénix nouveau. Moi j'en suis à dire que ça fait drôle, pas vraiment mal, mais le vide est troublant. Avant de lister mes ressentis sur cette petite partie de la littérature d'aujourd'hui qu'on tente de nommer la-littérature-contemporaine, celle qui aurait un avenir. 

     

     

     

    Insertitudes II

    Insertitudes IIuite à l'espèce de déception récurrente dans mes lectures éparses, j'ai fait part de mes doutes. Je ne sens plus vraiment de littérature, au sens fort, dans ce dans ce que je peux lire ici où là, sans être grand lecteur, ni au fait de tout ce qui sort, ni même connaisseur avisé de ce qui se fait de meilleur. Même si je lis avec constance, l'œil peut-être plus affûté, à force d'écrire et de jeter des textes dans la mer littéraire.

     

    Quelques mots sur la littérature et particulièrement la littérature contemporaine, sous-catégorie que les universitaires et les critiques mâchent et remâchent. Chacun à leur manière, de toute façon le gâteau est toujours différent pour chacun.

     

     

     

    Littérature. Il est important de clarifier. Il est question, pour moi, de la littérature d'aujourd'hui, au-delà de ce corpus particulier que certains universitaires et/ou auteurs nomment «la littérature contemporaine ». Il m'arrive donc de lire des ouvrages appartenant au groupe d'auteurs, au corpus que semble désigner cette expression, mais pas seulement.

     

    D'ailleurs, le corpus spécifique ne semble pas réellement défini. Tel auteur y est ancré, incontournable, tel autre absolument pas, impensable. Et versa-vice. En tous cas, une petite mouvance à l'avant-garde de la littérature. Elle brandirait encore le flambeau de la qualité, de la profondeur, de la vision, quand le peloton aurait renoncé à faire une littérature à la fois témoin et parole du/des contemporains que nous sommes. Exigence.

     

    Exigence surtout dans la différenciation. Il s'agit de faire entendre urbi et orbi qu'il y a encore littérature. La bataille est engagée d'emblée autour de la définition du champ de bataille. Sinon comment livrer bataille, montrer ses muscles, son sang si vermeil.. ?

     

    Objet évanescent, littérature corpusculaire, sans doute. Il n'empêche que parmi les noms connus et reconnus, les valeurs presque anciennes ou les jeunots, tous ceux qui produiraient ce nectar, je dois bien avouer que ce que je lis souvent me déçoit, je le répète. Même si la littérature contemporaine n'est pas la seule à me décevoir, je viens de m'en expliquer. Mais elle est la championne de l'armada. De la montagne de textes en vente ou au pilon, ou en gestation. On l'annonce et on l'encense avant même son apparition. C'est le buzz, the new kid in town.

    Les kakous ça énerve toujours un peu, quoi.

     

     

     

    Problèmes rencontrés dans la lecture de quelques œuvres, quelques auteurs, donc. Je ne livrerai ni noms, ni ouvrages. Mon impression est subjective et mon doute doit bénéficier aux mis en cause. D'autant que produire une littérature neuve aux styles inédits c'est pas si facile, et même que ça n'arrive qu'une fois par génération affirmait quelqu'un qui avait quand même son mot à dire, Céline.

     

    Mais livrer mes ressentis sur la littérature contemporaine, entre autres littératures, – à partir de quelques textes et d'études de ceux qui s'adonnent à son analyse – donnera à ceux qui l'attendent, qui s'attellent déjà dans l'ombre, un peu plus d'énergie, de force, ou assez de lucidité pour renoncer à ce mirage annoncé. Avis aux lecteurs, aux auteurs...Et pour moi, quand je relirai ce que j'ai écrit, mon point de vue et ma pratique changeront un tant soit peu. Ça me suffit.

     

     

     

     

    Donc, la littérature contemporaine. 

     

     

    - s'adresse à une chapelle de lecteurs initiés et d'exégètes roués. Le lisible/compréhensible par le plus grand nombre n'est pas inclus dans le package ;

    - dédaigne le roman, l'intrigue, les narrations plus ou moins directes, pour elle dépassées, inadaptées, frustres ;

    - rit peu, ou d'ironies, de sarcasmes, souvent d'arrières-pensées, d'un désabusement général, car la littérature contemporaine est revenue de tout, surtout de ce qu'elle écrit, dit-elle ;

    - fonctionne dans une sorte de lyrisme retenu pour s'attacher à des personnages symboles, de grands événements, de grandes constructions planétaires dont elle rend, bon gré mal gré, la puissance prométhéenne et dévastatrice ;

    - ignore la littérature de genre, même si elle s'empare parfois de ses techniques ou fait dans l'anticipation ;

    - méprise les langues vernaculaires, le commun des utilisations brutes de l'écrit, car il n'est pas question de restituer mais de traduire ;

    - est indirecte, jamais face à son sujet, elle ne dit pas mais suggère, évoque, induit, provoque ;

    - n'écrit pas vraiment, mais se regarde faire de ses lignes une œuvre d'art qui n'est rien, mais rien, comparé à l'essence enfouie au cœur de quelque chose dont elle seule sait la magie ;

    - jamais ne s'efface son auteur, ce héros au sourire si doux, même dans l'écrit le plus déchirant, le coup de dés le plus risqué, il ne s'évanouit jamais puisqu'il est celui qui doit briller au final dans son écriture, après les feux annonciateurs des projecteurs, la brûlure répétée de son image dans les magazines, les admirateurs sur la Toile, et la sanction finale, en euros, ou en dollars, c'est comme vous voulez.

     

    Ma tête va déjà mieux. Merci, monsieur le curé.

     


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