• Ils traversent, ils s'en vont

    S'il n'en préfigure pas la fin, il illustre, ô combien, le courage de l'humanité

     

     

    Ils traversent, ils s'en vontl mange, il boit et il rêve

     

    Il traverse les pièces de la maison

     

    Les pièces de sa maison le traversent

     

     

     

    Il préfère le jardin

     

    Le jardin n'a pas de murs

     

    Les rues du village n'ont pas de murs

     

     

     

    Ils viennent le voir à tout moment

     

    Ils traversent l'absence

     

    Ils traversent l'hébétude

     

    Ils traversent le jour comme la nuit

     

     

     

    Ils se collent sur les murs

     

    Les murs complices

     

    Ils le regardent

     

    Simplement, ils regardent

     

    S'ils pouvaient ne rien voir

     

     

     

    Frères, sœurs, enfants sur les murs

     

    Même elle

     

     

     

    Il dort, il dort encore

     

    Il travaille, il travaille encore

     

    Rien ne le traverse quand il dort

     

    Rien ne le traverse quand il travaille

     

     

     

    Il les appelle pour qu'ils viennent

     

    Viennent enfin parler

     

    Avouer d'un monotone sifflement

     

     

     

    Indifférents, il le traversent

     

    Sans cesse, ils traversent

     

    Le sang, les os, les souvenirs

     

    La douleur n'est pas là

     

     

     

    Personne ne le sait

     

    Personne ne le saura plus

     

    Frères, sœurs, enfants

     

    Ils sont tous

     

    La douleur n'est pas là

     

     

     

    Bientôt lui

     

    S'il n'appelait pas il dirait

     

    Bientôt pays, bientôt monde

     

    La douleur n'est pas là

     

     

     

    Il les appelle sans cesse

     

    Quand les rues demeurent vides

     

    Et la maison, et les draps

     

    Et ce creux dans le mur

     

     

     

    Ils n'écoutent pas

     

    Ils le traversent et s'en vont

     

     

     

    Il les appelle encore une fois

     

    Que vienne la douleur.

     

     

     

    (hommage à cet homme demeuré seul sur le territoire interdit, aux environs de Fukushima-Daïchi après l'explosion des centrales nucléaires)

     


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :