• Il n'existe pas de clé pour ceux qui n'ont pas l'âme d'une serrure

    De quelques certitudes patiemment martelées sur les cervelles béotiennes des lecteurs, auteurs et autres citoyens, allègrement pris pour des benêts par ceux qu'ils désignent comme "l'élite".

     

     

     

    Il n'existe pas de clé pour ceux qui n'ont pas l'âme d'une serrure

    Il n'existe pas de clé pour ceux qui n'ont pas l'âme d'une serruren nous dit, les petits éditeurs encombrent les rayons. Prenez n'importe quelle librairie et vous verrez trois livres de petits éditeurs pour trois cents produits par des gros. Ce discours s'appuie sur le secret. Beaucoup de petits éditeurs sont en réalité des filiales de gros éditeurs, mieux, de groupes. Ou des ballons d'essai, pour tenter d'autres produits potentiellement vendeurs. Un journaliste sur mille, au mieux, va chroniquer un petit éditeur. Une monstrueuse sono culturelle inonde l'infosphère des nouvelles des best-seller, des nouvelles des groupes éditoriaux.

     

     

    On nous dit, la littérature c'est de l'affectation, de la pose, du vent pour soulever le chapeau des niais. Alors qu'on me prouve que Balzac, Stendhal, Céline faisaient du best-seller pour les ménagères de plus de cinquante ans. Alors qu'on me montre ce que serait Albert Cohen avec le costume de Musso. Alors qu'on m'affirme que la différence entre Manchette et Grangé tient simplement au fait que l'un est mort et l'autre vivant.

     

     

    On nous dit, il faut revoir le droit d'auteur. L'existence précédant l'essence, le droit des auteurs n'est ce qu'il est que parce qu'il y a de gros éditeurs qui se sont forgés une position où il décident et imposent ce que doit être un auteur, ce qu'il doit produire et comment on doit le rémunérer dans le cadre de la loi. Laquelle n'est, encore une fois, que l'expression des rapports de force existant dans ce milieu, comme ailleurs bien souvent.
    Point extrême de cette torsion du réel au profit du profit des dominants, le pays des gondoles, la fosse des Harlequin*. Dans cette machine éditoriale il n'y a pas de littérature, il n'y a pas de livres, il n'y a pas d'auteur ou presque. Préfiguration, avant-garde marchant vers le pays de l'industrie éditoriale où le droit d'auteur ne recoupe jamais le droit à être rémunéré comme la pièce essentielle d'un livre. Nous y sommes déjà entrés, mais nous ne sommes pas encore au cœur de la place.
    En attendant, c'est à peu près, tous les jours comme si on abandonnait à Picasso dix pour cent de la valeur de ses toiles, pour donner les quatre-vingt-dix restants au fabricant du cadre, de la toile et au type qui fait les brosses.

     

     

    On nous dit, la Ministre De La Culture s'entretient, travaille, organise, inaugure, centenarise. Les médias prévenant ne manquent de nous servir ses très riches heures avec le Medef culturel, ou SNE, autour de délicats petits-fours et de syndicats d'auteurs dont on rémunère la combativité en postes de permanents.
    Toujours l’œil protecteur et le sourire carnassier notre deus ex machina culturel lance les bataillons gris du discours pour convoquer les robotiques institutions qui lanceront à leur tour projets et partenariats ou affleurent déjà la gloriole et le service financier de quelques puissant. Quant à l'éducation populaire et le service de l'intérêt général ils sont devenus éléments de langage à destination des plumitifs qui prendront garde à ne rien laisser de cette bouillie dans l'assiette.

     

    * Éditeur produisant des ouvrages à un rythme soutenu, sur une structure stéréotypée, dans une langue pauvre, avec des héros/héroïnes très souvent issus des milieux aisés.

     

     


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