Retour sur un prétendu plébiscite de la police, mitonné encore une fois par l'IFOP. Laquelle prend les français pour des truffes à 99%, compte tenu des redressements nécessaires...

i quelque chose a marqué les cinq longues et difficiles années que le peuple français à malgré tout traversé, c'est une fascisation délibérée et croissante de cette toute petite classe oligarchique qui nous pille.

Les Valls, les Ciotti, les Cambadelis, les Sarko, les Copé, les Caresche, Cazeneuve, Hollande et autres figures visibles de l'hyperréalité politique appellent tous à toujours plus de police, de répression, d'armement mortel, d'espionnage, de couverture du pays par la police, l'armée et bientôt les milices, faisons confiance à Le Pen. Résultat, bavures sur bavures. Manifestants grièvement blessés, ou tués comme Remi Fraisse, jeune écologiste pacifique mort pour être allé s'opposer à la construction d'un barrage, arrestations et rétentions tout à fait arbitraires. Sans parler du quotidien dans les quartiers «sensibles» selon la dénomination en usage chez les médiaflics BFMTV, i-télé, FranceTV et autres instruments de propagande. Elle terrorise, aujourd'hui, cette cohorte bleue avec ses tasers, ses fusils, ses grenades, ses armures et surtout ses méthodes qui en font une armée en guérilla urbaine avec le citoyen.

Et pourtant les citoyens seraient 91% à l'aimer cette police dont on ne sait plus si on sortira vivant d'entre ses mains, si jamais elle nous attrape pour quelque raison que ce soit. C'est l'IFOP qui l'affirme dans un sondage que toute la presse servile qui relaient abondamment.

Voyons voir l'état des lieux de ce simili-sondage d'une officine récemment critiquée qui n'a, naturellement, tiré aucune leçon de ses fautes. Impunité, quand tu nous pousses.

La méthode

Interroger par internet et facile et bon marché. Tout est bon à prendre, sauf sans doute les votes internet. Avec un peu de pratique on peut revoter, se faire passer pour quelqu'un d'autre. Bref les questionnaires « auto-administrés », c'est l'auto-assurance qu'on va se faire des réponses tout à fait comme les espère.

A ce propos, je note dans la partie détaillées des populations sondées que l'extrême-gauche LO / NPA approuve ces manifestations policières à 81%. Je prétends que ce résultat est faux, sinon fallacieux. Connaissant l'antagonisme permanent entre manifestants d'extrême-gauche et flics, la traque et les traitements très durs infligés à leurs militants jugés radicaux, incontrôlables, « ennemis de l'intérieur » selon l'expression de la tristement célèbre Alliot-Marie, je ne crois pas une seconde à ce résultat et je demande à l'IFOP de publier ses panels et sa méthode d'(dés)agrégation des différents interviews. Même remarque concernant les résultats donnés au FDG. De plus le Front de Gauche n'existe plus, c'est un amalgame abusif que de présenter un panel sous le nom FDG.

Les questions

Elles sont toujours précédées d'une introduction. Censée rappeler, contextualiser, elles orientent, obligent un type de réponse à sortir. Bref, c'est un biais majeur, une faute grave qui fausse totalement les résultats. Exemple avec la seule et unique question du sondage. Mais si l'on veut étudier la perception des gens, développer et comprendre profondément la pensée des interviewés, il faudrait poser des questions également sur le jugement de ceux-ci à propos du caractère non-autorisé des manifs, de la rébellion apparente des policiers, et sur le fait que le plus visible des policiers « en colère », dans les images en boucles d'infocon, soit un ex-policier et membre du FN.

De plus, il n'y a pas de place pour les indécis à l'IFOP. Les NSP (ne se prononcent pas) n'apparaissent pas dans le sondage. Pourtant tous les sondages ont des NSP, ou presque. L'IFOP doit donc « redresser » ses résultats pour prendre en compte ce qui laisse un trou béant. On imagine le redressement, nulle part il n'est indiqué et encore moins expliqué.

Par quelque tambouille que ce soit l'IFOP tend à accroître son influence significative sur le rapport des français à leur police. Il s'agit de servir la caste, tout ce groupuscule fascisant qui parle pour l'intérêt général et sert en réalité ses intérêts tout à fait privés, confondus avec ceux de la mini-secte des hyper-riches qui font la pluie et le beau temps en tenant 99% de la médiasphère payante et les rouages de l’État « de droit ».

Intro Question :

« Vous savez que des policiers ont manifesté ces derniers jours pour réclamer des moyens et des effectifs supplémentaires ainsi que des mesures urgentes de protection pour travailler en sécurité. »

Avoir une réponse sincère, vraie des interviewés, c'est aussi tenir compte de l'état de mémoire ou d'oubli des interviewés. Personnellement je me souviens surtout de la façon dont ces policiers ont manifesté. Hurlant, cagoulés, sans autorisation, peu nombreux, très vindicatifs, inquiétants, selon les images des chaînes qui ne donnaient pas, ou presque, les demandes de ces manifestants.

Le préliminaire ici imposé, notamment les adjectifs surlignés en rouge, favorise fortement la perception positive de ces policiers manifestants. Ils veulent du travail, ils veulent être protégé et en sécurité. On dirait presque des manifestants contre la LoiTravail. Manque de chance, sans doute que nombre d'entre eux sont allés tabasser les salariés opposés à la loi El Khomri.

En tous cas, l'influence est patente, fallacieuse, inadmissible. Et comme toujours, la Commission des sondages, une instance fort coûteuse, secrète, ne fait rien, n'assainit rien ou presque dans ce marigot où plusieurs de ces officines ont été déjà condamnées en justice. Son silence vaut quitus, comme une médaille.

Stratégie

Au cas où les « ploucs » n'auraient pas compris, l'IFOP produit des petits bréviaires mensuels pour montrer le « bon » choix à l'opinion.

Sorti en même temps que le sondage-minute sur les attroupements policiers, le dernier numéro est consacré, par hasard, aux manifestations policières. Il en reprend la chronologie, rappelle combien les sondages IFOP ont pointé l'évidence : les français aiment, adorent leur police, particulièrement quand ils sont interviewés avec un bras tordu dans le dos.

Et de conclure sur ce titre que chacun devra mémoriser le soir en rentrant chez lui, avant d'allumer la BFMTV : les manifestation dernières des flics sont le « signe avant- coureur et catalyseur d’un durcissement sécuritaire de l’opinion ». C'est ce qu'on appelle une prophétie auto-réalisatrice.