• Identité multinationale

    Pendant que les médias et politiques prorogent leur domination et leurs privilèges en enflammant les débats sur l'étranger, la véritable invasion se poursuit.  Un flot sans origine, sans identité, qui menace réellement nos traditions comme notre humanité profonde.

     

     

     

    n s'écharpe savamment ou sommairement sur l'immigration. Le pays envahi, la fin de l'identité, notre coq plumé, nos villes surpeuplées d'une faune aussi imperméable à nos coutumes qu'à notre langue. Ils sont partout, la France sera un pays arabe très bientôt, la France sera un nouvel état africain sous peu.

     

    Immense jeux d'apocalypse pour gogo, gigantesque accélérateur de buzz pour la chienlit politique commune. Impasse définitif sur les frictions culturelles réelles et les combats entre sous-prolétaires d'ici et d'ailleurs pour arracher un emploi misérable tandis que le politique est en « rupture avec le réel » qui ne lui renvoie que sa démission et ses privilèges.

     

    Au bout du bout des contradictions et des outrances on trouve une réelle invasion, une réelle barbarie, la mère des clichés dont on nous abreuve.

     

     

     

    Il serait temps, tout de même, que certains mesurent combien on prend les gens pour ce qu'ils ne sont pas. Exemple. Marion Maréchal le Pen n'a pas de mots assez acides pour repousser les hordes « allogènes ». Dans le même temps, elle cherche à amender à l'Assemblée le fourre-tout économique « Sapin II » dans une direction si libérale que mamie Marine a été obligée de lui taper sur sa tête plein de bruit et de fureurs, histoire de lui faire un peu calmer son activité législative pour le libre Marché. Lequel libre Marché, pour ne prendre qu'un seul exemple, se distingue au quotidien en faisant bosser des roumains comme des esclaves sur les chantiers français pour multinationales du bâtiment, qui ne se sont jamais aussi bien porté. Sans créer un seul du million d'emploi promis par le joueur de flûte du Medef.

     

     

     

    Il serait peut-être bien que les Todd et autres gourous capables de discerner l'alpha de l’oméga pointent l'invasion première et supérieure qui n'est jamais interrogée ou presque, chez notre nos amis du monde qui s'autorise à dire le monde.

     

     

     

    Les troupes du Marché sont légions et déferlent de  partout. Elles nous submergent déjà et nos produits terroir soudain virent contrefaits, dépassés ; si ternes, si frustres.

    D'ailleurs qui peut trouver un français dans ces produits venus de l'autre bout de la Terre et sans doute pas de l'endroit indiqué sur leurs minuscules étiquettes tâchées et illisibles ? Le français est d'un prix obsolète, d'une fabrication à l'évidence rustre devant la souplesse commune des matériaux bas de gamme d'ailleurs. Souplesse née d'une ressemblance indéniable aussi bien entre le poulet sous vide de Dia et les chaussures en carton de la Halle, les lasagnes made in Taïwan et les rollmops caoutchouteux mis en bocaux dans une maquilladora. On se sent tellement vide, tellement libre sous la lumière impersonnelle des néons. L'esprit ne rechigne plus à ne plus lire que com et calories, dans ce pidgin english tellement plus simple et moderne que ce français; à peu près aussi vieux con que Brassens ou Giono.

     

    La horde des produits planétaires ne respecte ni nos fabrications, ni nos magasins traditionnels, ni nos coutumes de vente et encore moins le travail payé à sa juste valeur. Elle ne connaît ni patine, ni qualité, seulement la durée. Elle vient d'ailleurs avec une rapidité, une universalité qui nous submerge tous. Tout en est changé du fond au plafond. Les pratiques locales, les singularités culturelles qui nous définissent, se dissolvent dans les modes US ou japonaises, et explosent les ventes de Barbies et de masques Halloween Même si cette modernité exhibe obsessionnellement le mépris international des cultures et traditions locales absolument assimilées, digérées, disparues dans l'objet marchand de nulle part.

     

     

     

    D'ailleurs, qui est capable de se proclamer, de se reconnaître, de se sentir singulièrement, sans aucun doute français, à part Nicolas Sarkozy qui a besoin d'un turbo élyséen pour échapper à l'épée de Damoclès qui le pointe ? Tout ce qu'exhibe le français pour montrer à l'extérieur la force de son intérieure identité, tout ce qui enrobe ses pectoraux ou ses fesses n'est qu'une déclinaison, en tissu artificiel made in ailleurs, de statistiques mondiales. Qui définissent précisément la gamme des postures prévisibles, engendrant le prévisionnel d'une entité humaine moyenne située dans un territoire hexagonal fictif. A une distance fatalement couverte par véhicule, SMS, mail, chat, tweet, et autres mailings inductifs, définitivement récurrents, induisant les conduites prévisibles qui permettront de définir un prévisionnel de ventes de produits singularisés français, issus bien entendu d'un marché mondial.

     

    Lequel marché définira également la gamme d'invasion annuelle en fonction des réactions d'adhésion, mais aussi de rejet, de retour à un terroir à jamais coupé du vrai terroir. On l'appelait la France, les français, le mélange langue-territoire-pratiques avec une connotation identitaire qui ne pourra jamais être reconduite. Le Marché n'a pas vocation à nous ramener à la source mais à dissoudre notre existence, de telle manière que le terme invasion devienne lui-même obsolète, inadapté, désuet, pour plus tard revenir en collector.

    Ce qui est majeur pour le Marché , ce qui se joue dans l'acte d'achat au cœur d'une cathédrale de la consommation appelée hypermarché, c'est l'humain. Parce que nous ne sommes plus dans un monde ou le commerce permettait d'amener quelques objets, outils et nourritures pour continuer la vie. C'est aujourd'hui nous-mêmes que nous amenons au Marché. Il nous donne un contenu. Nous sommes le réservoir et il remplit. De désirs, de compulsions d'achat, d'attentes de célébrations artificielles. Si nous le payons toujours. Si nous ne restons surtout pas chez nous à tenter de retrouver de la Vie dans notre rapport aux autres, aux choses qui ont ponctué du vivant, le vivant de nos souvenirs. Non pas des choses vivantes, parce que nous sommes mourants à l'intérieur. Voilà ce que fait le Marché. Il nous faut mourir à notre incertitude et à tout ce qui est sentiment par définition non-quantifiables, non ajustables, pas présentables en rayon. Car ils supposent une mise en panne de notre faculté à rêver sans objet, à juger sans autre aune que la conscience, à choisir selon des critères toujours indéfinis car ils sont faits d'humanité, laquelle est par définition incertaine.

     

    Le gavage de nos affects par le Marché est un suicide que nous commettons chaque jour, à suivre la pente du non-être à la porte du commerce total. Quelque chose en nous le sait et plutôt que la capitulation, il choisit la maladie ou pire. Au plan sociétal, le Marché n'a pas besoin de notre faiblesse diverse et il choisira le régime qui saura le mieux faire advenir l'Homo servus.

     

     

     

    L'ironie de la chose est qu'à l'évidence l'invasion généralisée conduite par le Marché est elle-même au principe de ces « invasions » de populations qui nourrisse un populisme débridé, une écume massive et nauséabonde dans le landernau médiapolitique.

     

    Les exodes de populations se déroulent aujourd'hui principalement à partir des pays du Moyen-Orient et d'Afrique. Ils sont évidemment provoqués par l'horreur et la destruction massive que provoquent les conflits en cours. Conflits en cours initiés pour la plupart par les USA ou supplétifs français, anglais, chacun dans son pré-carré. Ils ont décidé d'aller implanter la démocratie pour leurs intérêts, un peu, et ceux des USA, beaucoup. Ad majorem gloriam Obama et suivants. Les véritables motivations états-uniennes s'appellent pétrole et reconstruction par des firmes US, suivies par les françaises, anglaises, etc. Ce qui n'apparaît jamais ou presque dans les chaînes de propagande qui se sont emparées de la TNT.

     

    On lira donc avec profit les confessions de John Perkins, la critique profonde et durable de Noam Chomsky sur l'impérialisme américain et ses méthodes, ou la liste interminable des guerres menées par les USA établie par William Blum.

     

     

     

    La marchandisation sans frontière actuelle nous ofrre donc la version actualisée d'une barbarie précédente, celle de la colonisation, commerce négrier, plus généralement commerce trilatéral existant par et pour la première étape de la marchandisation sans freins du profit.
    Parenthèses non dénuée d'intérêt : cette capture sur deux siècles des corps et des esprits fut, par certains aspects, un bonne chose Pour certains députés du parti socialiste notamment, et bien sûr pour le véhicule des riches nommé LR, tenant à saluer par voie législative les « bienfaits de la colonisation ». En somme, il suffisait de reconnaître la qualité technique des moyens de transports d'esclaves ou la diversité des produits escroqués pour que l'entreprise de pillage, d'esclavagisme, de viols et de meurtres nommée colonisation en devienne bienfaitrice.

     

    Quand les maîtres multinationaux les jugeront bons pour main-d’œuvre, toute la faune politique et médiatique qui hurle haro sur les allogènes sanctifiera leur humanité marchande. De séjour.

     

     

     


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