Moirans, nouvelle marche vers le désordre sécuritaire qui fait rage dans les têtes couronnées ?

a Justice française refuse à un forain emprisonné une permission d'une heure ou deux pour assister à l'enterrement de son frère. Les forains manifestent contre cette décision aussi cruelle qu'incompréhensible dans les rues du village de Moirans, se dressent contre les forces de l'ordre, intelligemment installées devant cette colère familiale. Ils mettent le feu à quelques voitures, puis tout s'apaise au bout de quelques heures. Pas un seul blessé dans la confrontation due, faut-il le répéter, au refus par la justice de ce qu'exigent la compassion et la fraternité inscrite dans les valeurs républicaines.

Un maximaliste triste, à l'Assemblée nationale, désigne l'ennemi, son grand Satan à lui. Non, ce n'est pas Nadine Morano, mais JP Barbier, député issu du même cloaque partisan. Il n'a évidemment pas vu les ressorts réels de l'affaire, mais le théâtre d'opération qui lui permettra de luire sous les lumières télévisuelles, puisque il va intervenir dans les questions au gouvernement retransmises sur les écrans. Lesquelles questions sont écrites et transmises avant réponse au ministre, premier ministre, interlocuteurs.

Ce n'est donc pas sans avoir bien calculé les dividendes, repéré le ticket d'entrée chez les Visibles que notre ami à écharpe à décidé de foncer avec sa bouche et son couteau sur le premier accident venu. Et voilà Moirans, voilà la bonne population, le page rank d'enfer, la manif pain béni pour nos représentants LR qui y voient le surgissement de la rue, autant dire de la chienlit dans l'ordre divin.

Notre ami avance le menton et interpelle, martial depuis son fauteuil de velours incarnat, le Premier Ministre. Élève tout de suite l'action foraine au rang d'« émeute ». Selon le Larousse « Soulèvement populaire, explosion de violence » avec pour synonymes « soulèvement » et « insurrection ». De même, il  qualifie la confrontation famille de forains/maréchaussée d' « affrontement ». Synonyme d'  « affrontement » : « attaque ». Ne reculant devant aucune hyperbole devant BFMTV ou RMC, Moirans, sous les yeux exorbités de notre Rambo des travées, devient la proie d'une « guerre civile ». Quand à l'ensemble de ce triste processus autour de la mort d'un homme, il le désigne, avec sa pertinence particulière, comme une « guérilla urbaine ». Le Larousse, toujours, donne comme définition « Combat mené par des groupes clandestins et caractérisé par des actions ponctuelles en vue de déstabiliser un régime ». Une vraie guerre au bon sens.

Le Premier Ministre Valls, lui, n'a aucunement pointé les fantasmagories du personnage mais abondé dans son sérieux psychotique, menton contre menton, et trouvé ainsi, il faut y voir un hasard, légitimation pour son nouveau plan de lutte contre la citoyenneté, en réalité prêt depuis des mois sous l'impulsion du dévoué Cazeneuve (cf Canard 14/10).

Ce plan donne les moyens de palpation et coercitions diverses aux agents RATP, qui ne sont évidemment ni formés ni missionnés pour cette tâche de basse police, mais pour aider les gens à trouver une place dans une rame et vérifier les tickets de transport.

Alors que la France s'enfonce dans le marasme le plus complet, que nous assistons à une défaite totale, sanglante de Hollande sur le front de la réalité, il affleure l'évidence que ce personnage et l'Assemblée à ses côtés, les élus dans leur ensemble – voir la surenchère de réactions des nobliaux locaux qui assurent ainsi les maîtres nationaux de leur zèle à couvrir sécuritairement le pays – sont acharnés à mailler le territoire non pas d'entreprises ou de services publics, de maisons de retraites ou de centres de réinsertion, mais de polices diverses.

D'ailleurs, pourquoi se limiteraient-ils aux officiels, les auxiliaires sont les plus dévoués, faute d'avoir pu réussir avec les milices que tenta notre cher Sarkozy durant son stage élyséen de cinq ans.

Aujourd'hui, les agents RATP et demain, si l'Assemblée poursuit dans cette veine anti-émeutes, anti--terroristes, anti-guérilleros, pourquoi pas les videurs de boite de nuit, les vigiles de supermarché, les auxiliaires municipaux qui font la circulation devant les écoles, les gardiens de musée, les surveillants d'examens, les appariteurs universitaires, les agents de crèches, les ATSEM...Je ne vois que peu de limite à l'imagination de nos chères têtes brunes sur les bancs de nos Assemblées.

Par contre, une qui va devoir se prémunir contre le risque d'un débordement à droite, c'est Marine le Pen. A votre avis, comment pourrait-elle continuer la course en tête devant ses congénères ?

PS : toute la presse de Marché – FTVinfo, BFMTV, Challenges, le Parisien, l'Opinion, Yahoo, la Dépêche du Midi, le Figaro, Paris Match, le Dauphiné Libéré, l'Opinion... - ou presque, ainsi que le PAF d'infos continues, a repris le terme de « guérilla urbaine » pour titrer et commenter les événements de Moirans.