Croyant envelopper et servir bien ficelé le combat d'actualité, Hollande a surtout livré un discours qui révèle bien plus qu'il ne résout...

ans le Monde du 22/06 une reprise de propos Hollandais. Lequel déclare, entre autres :
« La culture, ça fait partie de la République et le rôle du chef de l'Etat, c'est de défendre toujours et encore la culture. Je le ferai, y compris dans ces moments où il y a un certain nombre de professions qui s'inquiètent pour leur avenir. (...) Ma responsabilité, c'est de faire en sorte que la culture prenne toute sa place en France et que la France rayonne partout dans le monde grâce à la culture. »

Alors que "le monde de la Culture", comme on dit à France-Culture, est traversé par une nouvelle explosions révélant comment on s'étouffe sous les paillettes, le discours attendu de François Hollande n'incarne e pas vraiment le courage mûri de la décision nécessaire. Retour sur les passages significatifs qu'a retenu le Monde.

Le texte est écrit dans une langue pseudo-populaire. Non pas une langue imagée qui pratique l'éllipse percutane ou l'image comme distorsion tordante. Ici règne le lourd, le didactique avec moufles.
« La culture, ça fait partie », aurait dû disparaître au profit de « la culture fait de la République », affirmation au moins aussi déterminée que l'ajout du pronom indéfini « ça » qui, au contraire transforme la Culture qu'on veut sanctuariser en chose.

Deuxième ambiguïté. La Culture « fait partie » de la République. Oui, mais non. La "République" est un mot-valise incarnant des institutions, un type de rapport politique au pouvoir. La Culture s’affirme plutôt comme une recréation générale du monde et une façon de l'envisager, tant dans les rapports quotidiens entre les gens que dans le geste créatif. On mélange carottes et navets, pour faire du pudding.

Le « rôle du chef de l’État ». Passons sur le populaire en bottes « c'est ». Le rôle de Hollande n'est pas de défendre la Culture, comme d'autres défendraient la Nation. La Culture n'est rien, les créateurs et leurs œuvres sont tout. Le propos de Hollande muséifie la Culture, en fait une chose morte comme tous ces artistes et créations célébrées par l’État-pouvoir qui ne consent à reconnaître que ce qu'il a vidé de sa substance ou que le temps a érodé.

L’État, comme instance de pouvoir, a peur de la Culture comme il a peur des intermittents, car la Culture, la création, est avant tout liberté, difficile dépassement des dogmes, des manières et des figures académiques.
« Je le ferai, y compris dans ces moments ». Futur plutôt malvenu. Depuis déjà plusieurs semaines les intermittents bataillent contre un accord non-négocié qui propose un recul pour une loi déjà très mauvaise pour les créateurs et les petites mains du spectacle vivant. Rajouter « y compris dans ces moments » jette un doute supplémentaire sur la volonté de François Hollande d'agir ici et maintenant, c'est-à-dire pour donner la victoire à un combat de Gauche, contre l'officine au service du grand patronat et des multinationales, le Medef.

Faut-il que la France « rayonne partout dans le monde grâce à la Culture » ? Non, mille fois non. La Culture n'a rien à voir avec les tomates, et un créateur ne cherche pas à gagner des miles à la SNCF. C'est la vision décideur, la vision des hommes de pouvoir, pour lesquels la Culture est un sourire pour mieux faire du bizz, au quotidien un paquet de Pléiade sur des étagères de prix uniquement fréquentées par Conchita, la bonne CDD.

La Culture n'a vocation à rien, sinon à vivre, à prospérer, partager ses fruits, ses bouillonnements, ses espérances et le tragique de l'humain. Pas à faire revers sur la boutonnière d'un chef d’État, particulièrement s'il se prétend de gauche.

La Culture crève doucement, ensevelie sous le marché. Heureusement qu'il y a encore, par intermittence, des rebelles qui secouent le couvercle.