• Faena

     

     

    Dans l'expression "objets poétiques" - ce poème en fait partie - il y a du lien et de l'évolution. Nous nous sommes depuis longtemps écartés des "choses" dont Perec a si bien parlé. Peut-être nous en sommes-nous éloignés, peut-être sont-elles si proches de nous qu'il faudra ajouter une nouvelle branche au spécisme...

     

     

    Faenaar une nuit sombre à aveugler les caméras de surveillance

     

    j'ai regardé une bonne fois ma voiture

     

    elle repose comme dorment les arbres

     

     

     

    ignorante, son moteur tiède rêve de courses lointaines

     

    Finlande, Hollande, Auchan ou Brico

     

    pourvu que file derrière elle le décor bipédique

     

     

     

    sa dernière incarnation suce l'essence comme d'autres le pastis

     

    je sais ses défauts par cœur

     

    jamais je n'ai cessé de compter sur sa pétarade obstinée

     

     

     

    il est l'heure pourtant

     

    même pour les dinosaures le final tomba

     

    elle craque de la caisse par instants

     

     

     

    je la contourne sous toutes les coutures

     

    agace une aile du bout du tournevis

     

    le phare restant luit tristement

     

     

     

    allez, je ne sais pourquoi mais je sais qu'il faut

     

    comme si quelque tempête à venir me disait

     

    elle a bien couru

     

     

     

    elle a séduit, nickel chrome

     

    elle a foncé à bitume que veux-tu

     

    elle a fait son temps qui n'est plus le mien

     

     

     

    je décroche doucement l'attache du capot

     

    ma main est moite mais ne tremble pas

     

    je lève le tournevis et le plante au cœur de la vieille bête.

     


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