• F. Colboc, proie des rouages institutionnels et médiatiques

     

    Comment les machines étatiques et médiatiques conjuguent technicité et courtisanerie pour écarter le peuple de la représentation.

     

     

    F. Colboc, proie des rouages institutionnels et médiatiques

     

    F. Colboc, proie des rouages institutionnels et médiatiques Colboc, candidate Macronisée. Elle n'a manifestement pas vraiment regardé le programme de son chef. Elle n'a pas d'idée sur le fonctionnement des institutions et, surtout, ne sait pas elle-même ce qu'elle attend comme changements pour sa propre vie et ce qu'il faut comme changements sociétaux, en termes de créations d'emplois, d'investissements, etc. Elle n'a qu'une idée en tête : trouver des morceaux de la bible macronienne à opposer aux questions de ses interlocuteurs.

     

     

     

     

    Elle est semblable aux innocents lucides que nous souhaitons envoyer au pouvoir, sauf qu'elle ne cherchera nullement à changer les choses, à s'opposer à la mécanique arasante d'un État qui est aujourd'hui notre adversaire, parce que ce n'est pas le programme d' E. Macron. Macron qui veut étendre encore l'écono-mise en coupe réglée par le Marché pour parachever la société de Marché, sous l'égide du petit-maître UE et de ses lois-programmes, lui-même sous l’œil de Washington.

    F. Colboc ne changera rien. Elle votera – quand elle saura comment voter en respectant d'abord les règles – ce qu'on lui dira de voter.

     

    La plupart des français qui veulent la Gauche sont vierges politiquement. Ils ne connaissent pas l'architecture du système législatif, les pouvoirs des députés, le rôle et l'ambition citoyenne qu'il doit porter, et encore moins sa marge de manœuvre à l'intérieur du champ politique qu'est l'Assemblée. C'est un constat qui annonce la difficulté première d'une majorité de Gauche, si elle arrivait au pouvoir, sans une cohorte de carriéristes expérimentés.

     

    La France Insoumise, force majeure de ce qu'il reste de la Gauche aujourd'hui - c'est-à-dire près de la moitié du pays, malgré l'omerta ou le dénigrement médiatique, le dévoiement sans cesse approfondi des rouages et du personnel politique – a choisi de porter quelques hommes d'expérience, à commencer par J.L. Mélenchon, aux postes centraux. Il n'empêche que des expérimentés ont été candidats et que les vainqueurs du 2ème tour des législatives affronteront le problème, avec sans doute une plus grande capacité à résister, qu'ils puiseront dans leurs propres difficultés, le parcours qui les aura conduit à s'engager dans le combat, plutôt de « faire » politique à la sortie de Sciences-Po, ou de l'Université, sinon de l'ÉNA.

     

     

     

    Il n'empêche. L'accident de F. Colboc amène à distinguer deux problèmes. L’État et la presse.

     

     

     

    A terme, la difficulté de prendre à bras-le-corps l’État et les institutions pour les mettre au service d'une idée et d'un programme. On a vu l'évident renoncement de Hollande. Sans doute avait-il depuis longtemps abandonné la Gauche ; on peut également penser que les hauts fonctionnaires tous sortis du même formateur, - tous, ou presque, pétris de l'idée que les droits anciens doivent céder devant le Marché porteur de nouveaux droits qu'ils substituera aux vieilles lunes démocratiques par une transsubstantiation* qu'ils n'ont sans doute par cherché à définir, car à partir d'un certain salaire, d'un certain confort, tout le monde écoute et, surtout, ferme son esprit aux critiques, (cf les docs de travail du cabinet du Ministre du Travail de Macron) -, lui ont consciencieusement savonné la planche, si jamais il souhaitait faire ne serait-ce qu'un changement cosmétique de Gauche.

     

    Ce sera donc, concrètement, maîtriser d'une manière ou d'une autre le règlement de l'Assemblée, 327 pages, quand même, ainsi que les divers documents à connaître impérativment, dont le site de l'Assemblée donne une bonne idée.

     

    Plus tard, le novice pourra s'attaquer à la fabrication hyper-codifiée des lois. Et se fera donc une joie de s'imprégner des Codes, des relations entre loi, programme de gouvernement, tout en s’accommodant des accommodements avec certains « gardiens » - Conseil d'Etat, Conseil Constitutionnel, Cour des Comptes...- qui souhaitent la plupart du temps que le pouvoir revoit ses lois dans un sens défavorable aux valeurs républicaines et aux plus démunis, détruisant l'esprit de la République sous prétexte de préserver ses lettres.

    Enfin les « bizuts » découvriront la multiplication des urgences, ou des contre-temps, à mesure que les hauts fonctionnaires, adverses ou pas tendront leur toile pour les paralyser ou les canaliser.

     

     

     

    Se soumettre ou se démettre, ou casser la règle de cette confiscation « techno-institutionnelle» de la démocratie, voilà l'obstacle immédiat que vont moralement affronter les nouveaux élus. Du moins ceux qui ne pensent pas d'abord à s'asseoir à table et festoyer à la santé des anciens.

     

     

     

    On l'a lu, on l'a vu, la presse au mieux a moqué F. Colboc. Elle l'a moqué au moins autant pour son manque de « professionnalisme » que ses réponses à l'architecture syntaxique approximative.

     

    On est dans le syndrome de la « grosse tête ». Journalistes papier ou micro exigent un sérieux qui réponde d'abord à l'importance qu'il s'auto-attribuent. Il s'agit là d'une exigence relative aux apparences. Tenue correcte exigée.

     

    On peut ainsi imaginer le sort réservé à celui qui viendrait habillé chez Tati, sans la cravate et les formules rhétoriques convenues qui marquent la participation, la connivence avec cette aisance verbale de « l'élite ».

     

    L'apprenti devra affronter un marchepied bourgeois aussi sévère que l’Église sur la liturgie drapée d'or et de velours, alors même que, parait-il, Jésus marchait en robe de bure déchirée et sortait d'une famille de prolo.

     

    Particulièrement à la télé, il paraît impossible d'imaginer, sauf en contrepoint folklorique et bref – voir la condescendance et l'innocent mépris, l'instinctif dénigrement qu'oppose, particulièrement, la presse télé, les chaînes continues, aux candidats d'extrême-gauche ou de courants inhabituels comme les animalistes ou autres.

     

    La présence régulière, normale et ainsi rendue par l'image, de salariés, d'ouvriers, de fonctionnaires lambda, de réceptionnistes, d'employés de base semble impossible, incongrue, presque sale.

     

    En permanence, la télé valorise le bien vêtu, le langage figé – je n'ai pas dit correct -, la posture de soumission connivente qui va comme un gant à ces hommes de communication bien plus que d'information qui font la pluie et le beau de temps de l'acceptable et de inacceptable. Laissant ainsi 90% des français hors-jeu car ils ne sont pas assez formaté langage politique – art de répondre en platitudes jargonnantes de politique politicienne, ce en 20s/question, ce qui est le format au-delà duquel les programmateurs d'émission estiment que le client devant l'écran s'ennuie.

     

     

     

    Cette posture généralisée, cette construction hyper-réelle d'un modèle politique qui n'existe pas, qui n'a pas à exister car il contrarie la liberté d'expression, le « pluralisme » ou concept mou du délicieux Shrameck (cf CSA), et finalement la démocratie. D'autant qu'il a des conséquences.

     

     

     

    Comment peut-on espérer que les français voudront élire un jour une assemblée qui leur ressemble ? Avec des kiosquiers, des facteurs, des infirmières, des profs des écoles, des marchands de tabac, des pêcheurs ou des boulangers. Les français voient, écoutent et ressentent la presse papier, télé, ce maître omniprésent qui leur dit quoi et qui, en permanence. Qu'en déduisent-il ? Pas compliqué de conclure qu'ils comprennent que seuls des politiciens rompus au jeu des apparences, aux codes langagiers et aux labyrinthes techno-politiques que sont les lieux de pouvoir, peuvent s'installer et agir en élu.

     

    La presse n’œuvre pas seulement pour disqualifier la volonté politique nouvelle, qui veut changer selon ses fins et ses moyens, mais elle défend bec et ongles le politicien de carrière.

     

    Car c'est bien ça qu'elle salue en moquant les erreurs, les bourdes, le manque de connaissances technique de F. Colboc, plus que son adhésion aveugle à un modèle qui est figure bien plus que programme.

     

     

     

    Par le côté non surveillé, l'Histoire est en train d'évacuer une bonne partie de cette représentation rance qui n’ânonnait les valeurs républicaines que pour se servir et servir les intérêts de riches rentiers ou de multinationales sans limites morales ni prédatrices.

     

    On voit que les médias du Marché résistent fortement, s'accrochent à l'ancien modèle monarchique, au modèle aussi codifié que l'était le comportement des courtisans au temps du roi-soleil. On constate jour après que cette presse si imbue de son empire grandissant ne considère pas la France populaire comme autre chose qu'un réservoir anecdotique, ou comique.

     

     

     

    On est bien obligé de réaliser que cette presse, particulièrement l'info continue, sert à écarter les porteurs nouveaux, donc dépourvus de l'habileté technique, et sans doute heureusement, mais dotés d'une conviction politique, d'une liberté, de valeurs républicaines.

     

    C'est donc peu étonnant qu'elle appartienne, cette presse-là, à une micro-caste qui a horreur des pauvres comme de la démocratie.

     

     

     

     

     


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