• Ça porte un nom, mais lequel ? XI

     

    Mettons que je marche à travers les ruines et que je parle, et que je ris parfois...  

     

     

    Ça porte un nom, mais lequel ? XI

     

    Ça porte un nom, mais lequel ? XIhaque jour je mélange des mots, chaque jour j'y trouve du plaisir. J'ignore la réelle utilité de la chose, pour moi-même et pour les autres, même si en écrivant je touche par moments des sensations ou des bribes de lumière qui reviennent sur moi et, j'imagine, l'alentour.

    Des mots gris, des mots cœur, des mots qui se répondent, ou pas. Tout ça s'ébat dans une cour dont je trace les limites et les actions. Comme si j'étais l'arbitre du jeu, alors que je n'en suis, au mieux, que le supporter.

     

     

    Je parviens parfois à décrire, à ceux qui me le demandent, l’enchaînement logique de certaines créations. Les lectures et les réflexions qui ont amené leur présence sur la page. Quant à expliquer comment j'ai eu telle idée qui me paraît étrange ou incongrue, c'est de l'ordre de l'indicible. Ou presque.

    L'apparition, voilà ce qui me travaille réellement. L'apparition qui n'a rien à voir avec les conditions de son avènement, comme le papillon est profondément distinct de la chrysalide. Á un moment l'idée est là, juste avant il n'y avait rien. Je ne sais pas d'où elle vient, ni qui la fait venir. Il faut faire avec, ou rayer. Mais l'idée est venue. C'est aussi difficile à faire entendre, comprendre que l'univers est infini. Et voir le bout c'est très long, surtout vers la fin, comme disait Woody Allen,. En réalité, le plus difficile à comprendre, c'est le début, ou plutôt son absence. L'univers infini, logiquement n'a pas de début, temporellement et spatialement. Impensable, pour moi. Il faut bien, en toute rationalité, qu'il y ait eu rien puis quelque chose. Une logique de causalité qui fait partie de nous.

     

    Peut-être cette compréhension est-elle mal engagée. Pensée mal pensée. Au niveau de l'univers, il faudrait s'imaginer que l'être humain n'est pas dans le temps, que l'univers se préexiste sans cesse. Que nous-mêmes, particules infiniment petites du Grand Tout, sommes détachés de l'Univers, en réalité, et de sa durée.

    Par rapport à l'échelle temporelle de l'univers nous n'existons qu'une picoseconde. Microscopique, contradictoire durée qui fait que nous sommes, déjà, pratiquement en dehors du temps des étoiles. Et, par conformité avec le temps oxymorique de l'univers sans durée, nous nous pré-existons comme lui. Chacun de nous, chacun de nos actes n'est qu'une émergence fugace sur la ligne infinie tracée par chacune de nos vie, effectué, dupliqué et redupliquée à l'infini. Des vies infiniment reprises, des actes infiniment recommencés.

    De ce fait, telle pensée, étrange ou incongrue, illogique, qui me traverse ne peut être qu'une sorte de bug. L'intime logique universelle de naissance/renaissance aurait araser la pensée fondamentale de l'unique, qui est la nôtre, car elle basée sur une discontinuité. Son existence ne peut relever, en dernière instance, que d'une défaillance infinitésimale de la roue sans limites où tournent ma chair, mon esprit, ma vie indéfiniment perpétuée pour être en accord cosmique avec l'univers.

     

    Je n'ai jamais posé sur l'écran les mots qui me viennent. L'erreur dans la perpétuation de la mission ontologique que m'assigne l'univers, est unique, elle ne peut se reproduire, l'univers ne le permettra pas. J'appellerai ça création, donc, un cygne noir, un écart, une erreur dans l'infini recréation des possibles déjà existants qui sont les miens, qui existeront encore parce qu'ils ont déjà existé.

    En ce sens, pourrait émerger, un temps, une singularité qui romprait, à la marge, l'ordonnance cosmique. Cette singularité serait moi.

    Il faudrait maintenant se demander pourquoi, en toute logique, l'univers peut permettre cette existence singulière, cet atome défaillant qui paraît absolument étrange dans le déroulé permanent du cosmos vers la fin qui ne peut-être que son début.

     

    C'est une prochaine récréation de pensée que je m'accorderai peut-être, si la picoseconde qui m'est allouée dure assez longtemps pour me le permettre, et si l'univers, finalement, n'y voit pas d'inconvénient.


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