• Aspirer

     

     

    L'objet de ce poème est absolument moderne : substituable et reproductible à l'infini. Dans les limites de nos poumons, naturellement.

     

     

     

     

    Aspirere bonheur de la première cigarette

     

    elle s'appelait rotin, la première

     

    de petits brins piqués en Travaux Manuels

     

     

     

    j'ai oublié quand, il était bien tôt

     

    je tâtonnais à la porte

     

     

     

    comment la tenir, comment la fumer

     

    gagner quelques années, quelques grammes d'assurance

     

     

     

    on sous-estime la crispation des lèvres sur la cigarette

     

    pincement viril, lèvres bien serrées sur l'objet soumis à notre pouvoir

     

    tenue légère, bouche indolente, s'affirme le plaisir de la tétée

     

    tirage concentré, lèvres en extension, rendement fumée/neurones maximal

     

    appendice négligé, la lèvre inférieure pend comme pend l'objet mouillé, éteint, oublié

     

     

     

    quelque miroir perdu saurait donner un reflet de mes essais fumeux

     

    appliqué à faire d'une béquille une prothèse

     

    l'âme brumeuse cherchant une solide posture

     

    je voyageais de scène en scène

     

    traversant le temps vers celui qui saurait être moi

     

     

     

    aujourd'hui mes poumons cherchent à gagner du temps

     

    il me faut ma dose

     

    où est-il ce sésame, où s'en vont les picots de lumière grésillant dans la nuit ?

     

    j'aspire à te quitter l'encombrante compagne

     

    mais elle n'en a pas fini avec moi.

     

     

     


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