• Après la vie

     

    La revue Nouvelle Donne vient de publier un de mes textes récents. Une nouvelle qui fait écho à une actualité, sans porter de jugement, sans prendre parti, mais en tentant de rappeler que nous sommes tous de cette humanité si grande et si fragile, sans qu'il y ait les surhommes d'un côté et les sous-hommes de l'autre...

    La nouvelle s'intitule Après la vie. Extrait :

     

     

     

    Après la viea flasque est à moitié vide. Tourne encore la dernière gorgée dans sa bouche. Il

    connaît son trajet. Imparable. Fore, l’alcool ; fore les vaisseaux, les veinules, les

    capillaires, tous ces petits chemins dont il ignore le nom.

    Il connaît la douce douleur de chaque minuscule poche de sang au passage du whisky. Il

    sait le moment exact où le liquide va cogner dans l’estomac. Légère nausée avant la

    ouate dans la tête. Il maîtrise.

    Peut-être même que c’est l’alcool qui le maîtrise. Saleté. La flasque est bien entamée,

    maintenant. Combien de temps ? La montre dit une heure, encore.

     

     

    Glissements, grattements vers le fond du local à poubelles où il attend. Les rats. Les rats

    indifférents à quoi que ce soit d’humain. On peut faire confiance aux rats pour ne pas

    interférer, ne pas juger. Indifférents. Les hommes méprisent les rats, mais les rats

    survivent. Les humains devraient être des rats. Acharnés, indifférents, survivants. S’il se

    mettait à gratter le sol, il pourrait peut-être devenir comme eux, ne plus rien sentir. Il

    s’agenouille, gratte le sol. Relève-toi, Elkal, relève-toi, idiot, cingle la voix de son père.

    Il se relève. L’alcool lui envoie une bouffée de chaleur.

     

    Le crépuscule est sale comme l’immeuble est sale, comme la rue est sale. Il passe la tête

    dehors. Le ciel gris tombe comme une cagoule sur sa tête levée. Marre d’attendre l’autre.

    L’homme a dit, « il passera vers 20h. Tous les soirs pareil. Il sort du Conservatoire, rentre

    chez lui. Il ressort, va voir ses amis et revient pour travailler à ses cours du lendemain. À

    ses putains de dessins obscènes, à ses putains d’idées sales qu’il enfonce dans la tête des

    enfants. Il doit cesser. Définitivement. Et payer. Définitivement ». Il n’est que 18h30. Il

    se demande encore pourquoi il est venu si tôt, alors qu’il le sait parfaitement. Là, dans ce

    local vide, il a une raison de boire. Marre de boire dans la rue, dans la cave, marre de

    boire l’oubli sur le matelas crasseux où il dort, marre de boire comme un faible. Il boit

    ici, ici il a une raison. Être fort, pour tuer le chien qui souille les têtes...

    La suite.


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