• 60

     

    Les nombres comptent. Les nombres font signe, ou symbole. Repères personnels et collectifs. Inventaire poétique de nombres qui, pour moi et pour d’autres, furent plus que de simples chiffres.

     

    Nouvelle série qui durera ce qu'elle durera.

     

     

    es premiers maîtres des labyrinthes fictifs gravaient courbés sur l’avenir. Ils déroulaient à coups de burin les vies illustres sur leurs Kronos inaltérables.

     

    60 ne s’ouvre pas sous l’impérieuse stase des ducs de l’Ancien régime enluminé, ni sous les mythes fordisés du contemporain mercato. 60 roule toujours sur la voie parallèle où pousse l’herbe commune et les rêves impuissants.

     

    60, tes volutes et arabesques cristallisées chantent encore au bout de ma main. Mon index revient sur les courbes de la route 66, rêve d’ailleurs, rêve d’auteurs évadés, rêve de la bienveillante botte étoilée qui nous libéra. Sur le miroir reverse glisse des colliers de fleurs suspendus dans des vases coniques et renversés.

     

    Le paradis devrait se poser très loin de la zone des âmes tic-tac.

     

    Dernier virage, je suis toujours à cheval sur mon 60, qui s’allonge, à petites foulées hésitantes. Il s’élève par moments, surplombe les bords abrupts pour écouter les bruits du dehors, l’écho des à-coups à venir.

     

    Laisse tomber les ornières et tu sauras l’alpha et l’oméga. Déborde, démonte les bords, défonce le chemin, enfile les traverses. Il n’y a pas d’horizon pour les foulées mesurées.

     

    60, à force d’espérer, tu vois, tu es déjà loin derrière. Je te surveille, tu es mon anti-totem. Je te regarde sombrer dans les eaux mortes du temps, pour ne pas m’allonger encore une fois au fond de tes impasses.

     

    Pourtant, il y a a encore une chance pour l’esprit-monde, celui qui apprend à fermer les portes pour ouvrir l’univers. Reviens, tais-toi, enferme-toi avec moi, 60, dans la bulle. Là où toutes les rivières font source, là où le mouvement du ciel réjouit les nuages. Nous monterons high legal et nous redescendrons vêtus de parures sans coutures. Dirigeables ingouvernables. Bouge, accouche la destinée que tu portais et nous serons comètes affolant l’infini.

     

    Il n’y aura plus de nuits, le matin éternel sera sucré et fondant comme un rêve. Le stigmate de la rosée ornera ton tendre front. Chaque jour un peu plus, tu descendras dans la nuit, à zéro heure, pour illuminer ce qui n’a pas de nom, ce qui ne peut exister si tu ne l’ordonnes pas. La lumière délivrée des ombres.

     


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